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#1 Le 20/08/2007, à 11:43

totophe

L'informatique en 1970

Au cours de ces dernières années, des échecs notoires ont attiré l'attention sur les difficultés associées à la production de softwares. Objet artisanal ou produit industriel sont les deux pôles entre lesquels on hésite à situer la position du software. Les sophismes ne manquent pas sur le sujet.
[...] La confection de softwares est encore à un stade foncièrement artisanal, en partie sans doute à cause de sa jeunesse, mais aussi à cause de l'environnement conditionné dans lequel elle a dû se développer. Il faudra encore de nombreuses années avant que n'existe cette industrie qui n'a pas dépassé le niveau du slogan publicitaire. Le catalyseur de cette transformation sera la compétition, qui ne pouvait pas s'exercer lorsque le software était gratuit. [...] La pression de la concurrence devrait s'exercer principalement sur deux plans: le prix de vente et la qualité.
[...] L'importance économique et la valeur marchande acquise par le software pousseront les utilisateurs à se grouper pour définir des besoins communs sur des bases géographiques ou professionnelles, et partager les frais fixes de confection de packages. Il y aura aussi, bien entendu, des voleurs de software qui sauront habilement maquiller les programmes pour la revente.

Louis Pouzin (Délégation générale à l'Informatique), "Le Software", in: Révolutions Informatiques, textes communiqués au colloque international de Cerisy-La-Salle, 10-20 juillet 1970, Paris, Editions 10/18, 1970.


J'ai trouvé ce bouquin d'occasion la semaine dernière, et sa lecture m'a passionné. Les interventions diverses portaient sur les théories de l'information et les applications de l'informatique, dans les sciences, l'entreprise, l'économie, les particuliers. Ce fut très intéressant pour moi, né en 1975, de comprendre un peu mieux les concepts utilisés à cette époque pour appréhender l'informatique. Par contre - et cela m'a étonné - toutes les communications avaient plus ou moins une référence à l'impact économique du software, et aucune - sauf celle ci-dessus - ne mentionne le problème de la privatisation du logiciel et des problème que cela cause dans l'utilisation du hardware. Cela me confirme à quel point R. Stallmann était visionnaire. Au lieu de cela, j'ai l'impression que - sous Pompidou, il faut dire - la concurrence et la production sous licence étaient les seuls instruments envisagés de manière positive pour établir le marché du software. A ce moment là, les banques avaient déjà intégré le COBOL et les compétences qui vont avec et finalement "les logiciels payants? oui, tant que c'est chez les autres".

Enfin, bref, que pensez vous de cette citation ? smile

Dernière modification par totophe (Le 20/08/2007, à 13:05)


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#2 Le 20/08/2007, à 14:25

tominardi

Re : L'informatique en 1970

C'est dommage que personne ne réagisse, perso j'adore regarder l'informatique dans le passé. J'ai pas mal de vieux magasines à récupérer d'ailleur.

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#3 Le 20/08/2007, à 16:08

totophe

Re : L'informatique en 1970

Ma foi, en effet, mes divagations livresques ne semblent pas intéresser beaucoup de monde smile
Tant pis smile


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#4 Le 20/08/2007, à 19:19

Rubika

Re : L'informatique en 1970

C'est assez intéressant de se replonger dans le passé, c'est vrai !

J'ai commencé l'informatique à l'age de 5 ans, mais c'était déjà bien après la période à laquelle ce bouquin a été écrit. J'ai commencé à l'époque des TO7 et des MO5.

Ce qui est assez intéressant dans cette citation c'est que d'un coté, suivant sa vision, il n'y a aucun espoir pour les logiciels gratuits et pourtant....

L'importance économique et la valeur marchande acquise par le software pousseront les utilisateurs à se grouper pour définir des besoins communs sur des bases géographiques ou professionnelles, et partager les frais fixes de confection de packages.

Dans sa citation, les "frais fixes" font référence aux coûts de développement, et si on considère que ces coûts de développement sont uniquement matériels, on peut effectivement penser que le logiciel libre et gratuit n'avait aucun avenir.

Et pourtant... Les coûts de développement sont avant tout des coûts intellectuels, qui peuvent en effet être quantifiés en des termes financiers mais tout aussi en des termes de temps et d'investissement humain. Et c'est ce qu'il s'est passé : les utilisateurs se sont groupés sur la base de besoins communs sur des bases géographiques et professionnelles afin de partager les frais fixes de développement des packages, le temps et l'investissement qu'il fallait pour développer une solution correspondant au besoin de ces utilisateurs particuliers.

Voilà pourquoi la plus grande richesse de nos systèmes libres et opensource se trouvent en fait dans leurs utilisateurs car tout utilisateur est aussi un investisseur de temps potentiel. C'est la communauté qui se regroupe suivant des besoins communs, des bases géographiques (c'est vrai de moins en moins présentes : mondialisation oblige, ce qui dans notre cas est plutôt une opportunité) ou professionnelles (je pense à des distributions orientées sécurité par exemple, ou éducation, ou astronomie ou studio, tout ce qui existe quoi ! smile).

Et ce que je dirai pour finir, c'est que la compétition n'est aucunement condition de la non gratuité. La compétition telle que je la vois dans le monde de l'informatique est une compétition de fonctionnalité, de vision et d'idéologie.

Dernière modification par Rubika (Le 20/08/2007, à 19:21)


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#5 Le 21/08/2007, à 10:40

totophe

Re : L'informatique en 1970

C'est vrai que j'ai eu du mal à comprendre cette phrase, enfin si, plutot : c'est l'idée que la qualité du logiciel produit concerne l'utilisateur final. A l'époque, l'utilisateur final, c'est un informaticien. Cela explique que pour le grand public il ai fallu développer des logiciels simples à l'utilisation et comme ce "grand public" n'était pas versé dans les choses informatiques, pas de "regroupement" ni de "partage". Petit à petit, comme de plus en plus de monde s'est trouvé comme toi et moi "habitués à l'informatique" par la fréquentation de petits bijoux comme les TO7 et MO5, le phénomène GNU/Linux est venu à point nommé.

Cela rejoint une question qui me taraude depuis un bout de temps : aujourd'hui on apprend aux "jeunes" à utiliser des logiciels. On ne compte plus les "initiations" à la bureautique à l'école. Mais - dis moi si je me trompe - personnellement, sur des MO5 à l'école j'ai fait du Basic, puis du Pascal au collège sur des PC Olivetti. Bref, même si je ne suis pas devenu informaticien, j'ai été initié à quelque chose qui ressemblait à de la programmation et j'ai vu évoluer différents systèmes d'exploitation, notamment les bureaux graphiques avec Atari par exemple que je pouvais comparer à Mac puis à Win 3.1
Or depuis plusieurs années, nos chers écoliers et lycéens ne fréquentent en majorité que Windows, Hotmail et Msn. Ce qu'on appelle informatique à l'école est très loin de ce que moi j'appelle l'informatique et cela me fait un peu peur... J'ai l'impression d'avoir été davantage "armé" que mes suivants à l'école pour faire face au monde de l'informatique par qui circulent de plus en plus d'informations vitales pour la société.

Dernière modification par totophe (Le 21/08/2007, à 10:42)


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#6 Le 21/08/2007, à 11:04

tominardi

Re : L'informatique en 1970

Oui, déjà moi durant ma scolarité, je n'ai pas eu le moindre cours d'informatique (peut être les cours de technologie, mais rien de plus qu'utiliser Word). J'ai eu un peu de C pendant les cours de Sciences de l'Ingénieur, en terminal. Et encore, les profs nous donnaient ça car le référentiel les y obligeait. On devait utiliser des fonctions spécifiques et pré-conçus pour un affichage LCD, en suivant un tuto ultra précis sans nous expliquer ce qu'on faisait.

Du coup je me pose beaucoup de question. Quelle est la finalité de tout ça. J'ai fait parti de la génération qui a vu l'informatique grand public exploser. Quand j'avais 6 ans je faisait parti d'une toute petite minorité de "gamins de l'informatique", à découvrir le TOS de Atari, le Dos puis le Windows 3.1, et d'autres machines tout aussi interessante. L'informatique est devenu grand public quand j'était au collège, et aujourd'hui, les gamins de 6 ans sur un ordi se comptent par centaines, ils touchent de plus en plus tôt à un ordi.

Et pourtant, combien auront la chance que j'ai eu de tester différentes machines, de comprendre les système de fichiers dès le plus jeune age, de créer leur premier programme informatique à l'age de 6 ou 7 ans (mon père m'avait montrer comment utiliser QBasic, je m'en sortait pas mal pour mon age).

Ces bases m'on été bénéfiques quand je suis revenu à l'informatique.

Aujourd'hui, à former les gens à cliquer sur "suivant", ne va t'on pas créer un problème au niveau formation : des jeunes moins bien armés pour commencer des formations informatiques, un besoin de formation plus importants, donc plus de dépenses pour arriver à faire évoluer les technologies moins vite.

Quel est la stratégie Microsoft concernant ceci ? Ca ne va pas les plomber ? Même les nouveau langages de prog ressemblent plus à des logiciels sympatiques qu'a des langages (windev est bien gentil mais c'est seulement utiliser le travail des autres grace à une interface rigolote). A terme, ne va t'il pas y avoir un manque de véritable analystes programmeurs à haut niveau ?

Je suis passé par la fac avant d'aller en BTS, et dans les deux cas j'ai rencontrés des gens qui se croyaient pas mal en info et qui n'avaient rien à y faire. L'utilisation de Windows Home Edition c'est cool mais très limité.

Et je dit ça, je rajoute que je suis loin d'être une bête en info, bien au contraire, je me trouve en retard par rapport à ce que j'aurais du être si j'avais choisi la voie d'ado geek plutôt que celle de punk rocker au grand air.

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#7 Le 21/08/2007, à 13:05

Rubika

Re : L'informatique en 1970

Quel est la stratégie Microsoft concernant ceci ? Ca ne va pas les plomber ?

Je ne pense pas que ce type de stratégie puisse plomber Microsoft, et je dirai même qu'ils ont tout intérêt à faire en sorte que rien ne change et même, que la situation empire.
Par contre... pour GNU/Linux et l'OpenSource en général, c'est à mon avis une menace pernicieuse qui se met en place.

Je ne savais pas que le programme scolaire en informatique avait beaucoup changé, j'ai 24 ans et deux ans d'avance ce qui fait que j'ai aussi connu l'ancienne école :

- primaire = basic et découverte de l'informatique sur des vieux ordis où si tu veux faire quelque chose (même un jeu) faut le programmer
- collège = technologie donc pilotage de machines par informatique et utilisation de word (mouerf, c'est surtout les tableurs qui auraient été intéressants mais bon...)
- lycée = option informatique donc programmation (Turbo Pascal pour ma part)
- études supérieures = business mais orienté nouvelles technologies donc programmation, webdesign, CAD et traitement de texte/tableurs/bases de données

Pour la menace, en effet : si aujourd'hui nous créons des utilisateurs qui ne comprennent pas la base de l'informatique, même en simple surface, alors nous diminuons le nombre de contributeurs potentiels OpenSource de demain.

Par exemple, pour l'apprentissage de la conduite, nous apprennons donc à utiliser le véhicule, mais aussi à reconnaitre ses organnes, comprendre son fonctionnement et pouvoir réaliser des opérations de maintenance de base (changer une roue, vérifier le niveau d'huile etc...).

Il est clair que créer une armée de geek n'est peut-etre pas la solution miracle, mais au moins nos (futurs) enfants seraient prêts pour utiliser les outils de demain et pourquoi pas pour les créer.

J'ai l'impression que pour beaucoup, nous appartenons à une génération qui a connu la démocratisation de l'informatique. Démocratisation dans le sens de l'arrivée du PC. L'engouement qui a suivi et surtout, la curiosité et l'enthousiasme, nous a fait "mettre les mains dans le cambouis" pour comprendre et découvrir cette technologie qui, je n'ai pas peur de le dire, nous emerveille quelque part.

Cette curiosité et cet enthousiasme est aujourd'hui tombé, nous sommes entrés dans l'ère de l'utilisateur et les personnes qui aujourd'hui découvrent l'informatique le font avec une optique où l'informatique est devenu un simple "moyen de". La créativité cède sa place au fur et à mesure à la productivité.

La philosophie GNU/Linux est, à mon avis, orientée non pas vers les utilisateurs mais vers les contributeurs et elle s'articule dans une optique de créativité. Je ne veux pas dire que les utilisateurs n'en profitent pas, bien au contraire, mais la communauté, le noyau, contribue par nature (via les forums d'aide, via les wikis, via le code pour ceux qui peuvent se le permettre). L'utilisateur quand à lui, utilise sans se poser de question, sans chercher à "aller plus loin" et surtout sans optique de partage et d'optimisation créative...

Si le système éducatif aujourd'hui ne sait plus transmettre la curiosité et l'enthousiasme qu'il a transmis aux générations précédentes (avec bien sur des personnes plus ou moins receptives) alors je ne veux pas dire : mais on est mal parce que ca veut dire que les contributeurs vont demain se réduire en peau de chagrin. A moins que nous même, nous sachions transmettre aux futures génération cette philosophie de l'informatique...

Dernière modification par Rubika (Le 21/08/2007, à 14:33)


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#8 Le 21/08/2007, à 13:16

tominardi

Re : L'informatique en 1970

C'est beau ce que tu dis. Beau et vrai.

Au boulot !


(d'ou l'utilité de Beryl et consort, pour attirer les "autres")

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