Contenu | Rechercher | Menus

Annonce

Si vous avez des soucis pour rester connecté, déconnectez-vous puis reconnectez-vous depuis ce lien en cochant la case
Me connecter automatiquement lors de mes prochaines visites.

À propos de l'équipe du forum.

#1 Le 14/09/2014, à 19:56

lucmars

Du téléchargement

Attention c'est long...

Le téléchargement illicite serait cause de la baisse des ventes dans l’industrie musicale. C’est le postulat tenu par les avocats de la répression.

Le législateur ne s’est pas fendu d’une enquête sur la causalité avancée. Il s’agissait pourtant de verser dans la délaquance des millions de personnes ; ce qui n’est pas rien. Il n’a pas plus envisagé une cause d’ordre économique alors que le problème était de même nature.

Pourtant, si il y a baisse des ventes en général, on met en cause le pouvoir d’achat. Et si la baisse ne touche qu’un secteur, on peut envisager que les consommateurs privilègient d’autres biens et services.

C’est tout de même ce qu’il s’est produit. Il faut bien tenir compte de l’offre audiovisuel par le cable ou le satellite, surtout la téléphonie mobile et enfin l’accès internet.

Autant de services que d’abonnements qui s’ajoutent donc aux charges du foyer (il n’y avait alors aucune offre globale comme de nos jours). La téléphonie mobile étant la plus gourmande : l’abonnement étant individuel, c’est quasi autant de forfaits que de membres du foyer.

Le budget musique devrait donc se partager ce qu’il reste dans le porte-monnaie avec les achats courants.

Dans ces conditions l’achat de musique est délayé dans le temps au profit de ces services dont les abonnements ne permettent pas de temporiser au contraire d’un acte d’achat. En clair la baisse des ventes d’albums serait due à un effet de substitution.

Cet effet tiendrait autant d’un choix de consommation qu’à raison d’un pouvoir d’achat limité.

Un choix, car l’audiovisuel et la téléphonie sont choses connues et acquises tandis que l’internet, l’informatique furent choses à découvrir et à maîtriser, sans compter le coût de l’équipement.

Les entreprises ont contribué à faire baisser les coûts et à diffuser les TIC dans la culture courante tout en formant les futurs consommateurs. Les cybercafés étaient alors viables économiquement en palliant à l’équipement et en satisfaisant la découverte et la formation jusqu’à ce que l’ordinateur devienne l’actuelle commodité.

À comprendre que l’accès internet et le téléchargement “rentable”, arriverait sur le tard comparé aux autres services ci-dessus.

Pour que le téléchargement soit “rentable” il faut uniquement un accès illimité en temps et trafic ; le débit disponible faisant office de facteur de rendement.

D’aucun ne tient ce genre de raisonnement en téléchargeant ; tous l’auraient cependant tenu en ayant un accès bas-débit facturé à la minute.
Mais en terme de dépense pour le foyer, il faut bien tenir compte de cette transition entre l’accès limité à bas-débit vers le haut-débit illimité.

Enfin tenir compte de l’offre globale, concomittante avec la fusion en un seul ou presques des opérateurs de ces services, diminuant la charge d’abonnements, mais quasiment après les lois répressives ; toutefois en France.

Maintenant, comment vérifier l’effet de substitution ? Car il peut être manifeste ici mais pas ailleurs. Or, on a affaire à une industrie mondiale.

Le point clès est d’obtenir la vente d’albums en quantité et en valeur indépendament de l’industrie concernée, à la fois juge et partie.

Reste que si les services en question sont autant de normes de développement, quoi qu’on en pense, leur adoption autant sur le plan technique et de l’offre commerciale diverge d’un pays à l’autre.

En tous cas, on ne se contentera pas de comparer la courbe du trafic du téléchargement rentable avec celle de la vente d’albums ; à moins de ne pas vouloir chercher d’autres causes.
(sans compter que la comparaison est logiquement impossible : le trafic, à défaut de connaître le contenu, est purement quantitatif ; tandis que la vente d’albums peut jouer sur le quantitatif et/ou le qualitatif - Madonna ; M.Jackson, tout artiste)

Il faut donc remonter plus avant dans le temps pour tenir compte des courbes d’abonnements entre l’audiovisuel, la téléphonie et l’accès internet en deux temps : du bas-débit limité à l’illimité haut-débit. La courbe d’équipement des foyers en PC devrait logiquement se confondre avec celle de l’accès internet.

On dessine là un graphique de quantité mais non de valeurs. Et il faut ajouter à ce graphique la courbe du trafic supposé illicite, et dès le début, celle des ventes de l’industrie concernée et pourquoi pas au final, celle des lois répressives.

Enfin, concernant le pouvoir d’achat, en chaque pays et relatif à un taux d’épargne prononcé (donc au détriment de certaines consommations), il faut convertir en valeur les courbes d’abonnements et de ventes d’albums.

Dans les deux cas, le temps, la durée, est en abscisse ; quantités ou valeurs en ordonnée.

A-t-on fait le tour ? Manque-t-il quelque chose ? Le raisonnement présent a-t-il un grave défaut ?

Au vrai seule la courbe des ventes d’albums, pour autant que les données soient fiables, dira.

Ce raisonnement arrive trop tard, diras-t-on. Mais toute loi est révisable sinon révocable. Toutefois il n’y aura que deux solutions : soit la courbe des ventes fléchissait bien avant le début du téléchargement dit illicite et sans rapport patent avec ce dernier ; soit la courbe des ventes est inverse à celle du trafic mis en cause quand bien même elle fléchissait avant. Dans le premier cas, la cause est d’ordre économique et non technologique tandis que dans le second cas, on ne pourra réfuter les avocats de la répression.

Pour s’en convaincre, il faut savoir que le marché des biens culturels est non concurrentiel : le prix ne motive pas l’achat puisque, on achète la musique que l’on aime - parfois à n’importe quel prix - tandis qu’on achètera jamais celle que l’on n’aime pas.

La production jouit donc d’un monopole naturel ; conséquemment la distribution est de fait sous son contrôle. Or, justement, l’internet offre trop de services de distributions pour un contrôle de facto.

Vu sous cet angle la répression du P2P ou apparenté, touche plus à l’essence du web qu’à certains services en particulier. Après tout, en passant au numérique, avec le CD-audio ou le DVD, l’industrie culturelle de masse a choisi une technologie ayant pour principe inhérent la copie !

Enfin en réprimant une commodité quasi libre d’accès, tel que le web, pour y assoir un contrôle, l’industrie concernée en tire telle plus d’avantage que par la distribution classique ?

Avant on achetait un album pour un titre diffusé, et parfois pour une reprise - titre apprécié plus que les oeuvres de l’artiste. Désormais on peut acheter au détail et plutôt des titres que des oeuvres originales. Dans ces conditions, la vente d’albums serait en concurrence avec la vente au détail. Le monopoleur décidera, mais les artistes trouveront-ils leur compte ?


Gaulois Matter !

Hors ligne