Savoirs ou compétences, quel but pour l'enseignement ?

Neros · Le 28/05/2010, à 13:17

UbunAdict a écrit :

Faut que je retrouve le bouquin, promis

Je t'épargne cette peine, je crois l'avoir trouvé.

Du moins une réédition (2009) mais sans modifications.

http://www.amazon.fr/l%C3%A9cole-Jean-C … 237&sr=8-1

(enfin perso, j'achète pas chez amazon...)

UbunAdict · Le 28/05/2010, à 13:18

Je confirme http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Claude_Milner Édition "Le Seuil"

Dernière modification par UbunAdict (Le 28/05/2010, à 13:19)

Astrolivier · Le 28/05/2010, à 15:01

Neros a écrit :

Dans le genre aberrant, y'a aussi les maths qui ont été supprimées du programme de terminale littéraire (ce qui est normal), par contre en terminale scientifique on doit encore supporter la philo et l'histoire géo
Tout le monde devrait avoir une certaine base en maths, les maths de Terminale, sont super basiques, les littéraires devraient les connaître.
Pour les S, l'histoire/géo est supprimé, non ? Là je trouve ça con, c'est quand même super nécessaire ! Mais bon, si j'ai bien suivis, le programme sera reporté en première, ils vont rigoler...
Et la philo, je trouve ça aussi nécessaire, on devrait même en faire avant. Mais pas comme ça, là c'est juste un truc où tu dois citer le plus possible des philosophes... tu apprends pas à raisonner par toi, mais à citer des personnes qui ont pensé à ta place...
@UbunAdict : tu as plus de détail sur le bouquin ? Du genre l'auteur ou les 10 points ?

j'ai une une chance magnifique dans mon parcours scolaire, après deux mois de philo terminale grattage, ils ont décidé de muter la prof, et après quelques semaines ont parachuté un prof de civilisation ancienne à saint-denis dans notre pauvre lycée pourris de banlieu. il passait 1h30 dans les transports pour venir nous donner une heure de cours. on ne grattait rien, il nous récitait des paragraphes entiers (par cœur) de grands philosophes et nous demandais ce qu'on en pensait, il ne faisait que nous poser des questions, sur lesquels nous devions donner nos avis. il nous donnait des noms de philosophes (je commence à peine à comprendre le mien, spinoza), et faisait l'exploit de faire comprendre les pensée de descartes, leibnitz, kant, spinoza, poper, marx etc... à des jeunes de banlieu, dont plus d'un tiers de la classe était musulmane pratiquante (et musulmans ou catholique, c'est pas toujours facile de se prendre la réfutation de l'existance de dieu par spinoza à descartes).

ce type là m'a fait rentrer par moi même dans la bibliothèque de la ville pour aller chercher un livre sur babylone. ce type là nous a fait comprendre que le philosophie c'est pas ce truc pour littéraire qui nous emmerdait en cours de françaisqui aurait du nous "apprendre à disserter.

mais voilà, ça, c'est pour la fac, pas pour le secondaire.

Dernière modification par Astrolivier (Le 28/05/2010, à 15:02)

DrDam · Le 28/05/2010, à 15:46

Astrolivier a écrit :

ce type là m'a fait rentrer par moi même dans la bibliothèque de la ville pour aller chercher un livre sur babylone. ce type là nous a fait comprendre que le philosophie c'est pas ce truc pour littéraire qui nous emmerdait en cours de françaisqui aurait du nous "apprendre à disserter.
mais voilà, ça, c'est pour la fac, pas pour le secondaire.

C'est tout a fait dommage, personnellement j'ai pas supporter mes cours de philo en Terminale ( en grande partie à cause de la prof), mais j'ai retirer le principale enseignement :
- être curieux
- se poser des question sur le fond des choses
- avoir sont propre avis
- faire ses propres choix en fonction de ces avis ... et qu'importe le regard des autres

Dernière modification par DrDam (Le 28/05/2010, à 15:47)

charlysalmon · Le 28/05/2010, à 17:40

Mandarb a écrit :

Qu'est-ce qu'une compétence ?
Qu'est-ce qui différencie pour vous un savoir, d'une compétence ?

Petite intervention d'un enseignant Belge :

Cela fait plus de dix ans que nous devons évaluer par compétence en Belgique francophone et personne n'est encore parvenu à m'expliquer exactement comment faire. Je suis prof de math et il m'a été dit que la différence entre une compétence et un savoir-faire se situe dans le fait qu'un savoir-faire constitue en la répétition d'un raisonnement-résolution-manipulation déjà rencontré précédemment tandis que faire preuve de compétence consiste à mettre en œuvre son savoir et savoir-faire face à une situation inédite ! Ce qui reviendrait à ne plus évaluer mes élèves que lorsque je leur propose des situations inédites non similaires à ce qu'ils ont déjà rencontré... donc ne plus résoudre d'équations mais uniquement des problèmes inédits, plus de théorèmes mais des démonstrations inédites....:rolleyes:

A côté de cela notre ministère nous propose des documents en pagaille pour les élèves de 14 ans et de terminales et par branches sous la rubrique compétences et programmes ainsi que des exemples de séquences d'évaluations... où les documents sont effectivement très "cadrés" avec des grilles d'évaluation très précises mais pour ce qui est de l'inédit...j'ai des doutes. De l'aveu même d'un concepteur la réalisation d'un des document a pris environ 1 an avant qu'il ne soit testé , modifié, re-testé et mis en ligne. Si chaque prof doit travailler à ce rythme ...

Bonne réflexion

Charly

Dernière modification par charlysalmon (Le 28/05/2010, à 17:42)

anTurs · Le 28/05/2010, à 18:00

@charlysalmon : merci pour ce témoignage instructif. Il recoupe tout ce que j'ai pu entendre sur cette expérience à l'étranger, du moins l'avis de ceux qui le pratiquent vraiment sur le terrain, pas les beaux rapports enluminés de quelques cravateux qui n'ont jamais vu un gamin en classe.
C'est dingue, en France, on veut tellement imiter les autres pays qu'on finit par ne prendre que les pires idées.
Je sens qu'on va rigoler ...

Slystone · Le 28/05/2010, à 18:51

@ Charlysalmon : je pensais que des IO qui fixent des objectifs irréalistes relevaient d'une exception culturelle française, mais apparemment vous êtes bien lotis vous aussi.
Dans la même idée, l'évaluation en anglais provoque de plus en plus de paperasserie avec les grilles d'évaluation du cadre européen commun de référence, mais au lycée ça va être mignon aussi. Ils préconisent maintenant de mettre en place des groupes de compétences. Ces derniers étaient limitées à un même niveau jusque là, ils veulent maintenant regrouper les élèves de plusieurs niveaux différents (secondes, premières et terminales). Si on saupoudre par dessus la modularisation par semestres et qu'en cerise sur la gateau il faudra en plus compter dans certaines classes la succession de 3 profs différents dans l'année (merci à la réforme des concours de l'enseignement), je sens que le bureau du proviseur adjoint va être envahi de plus en plus par les professeurs de langue vivante.

charlysalmon · Le 28/05/2010, à 21:22

La différence fondamentale entre les systèmes Français et Belges est l'absence en Belgique de Bac : chaque école organise elle-même ses évaluations à la fin de chaque année scolaire et le conseil de classe décide du passage de classe, de la réorientation ou du redoublement ainsi que de l'attribution, in fine du CESS (certificat de réussite de l'enseignement secondaire supérieur - équivalent au bac). Chaque prof doit donc évaluer ses propres élèves chaque année et donc créer ses propres évaluations. Il doit veiller à évaluer par compétence car l'inspection (qui avant était pédagogique) a vu son rôle changer et doit maintenant venir vérifier régulièrement (chaque école doit avoir été contrôlée dans chaque branche et à chaque niveau en 5 ans) le respect des critères d'évaluation. Le non respect peut entrainer la suspension des subventions de fonctionnement pour l'établissement (en clair sa fermeture).
Ce qui complique le problème, c'est tous les inspecteurs ne tiennent pas le même discours : cette année, mon épouse (prof de langues modernes) s'est vu reprocher le fait de demander à se élèves de répondre en néerlandais à des questions posées à propos d'une lecture en néerlandais, de faire des dictées alors que nos collègues de profs de Français doivent faire des dictées pour évaluer les compétences... Quand à mon inspectrice de math, elle nous a dit (mais ce n'est écrit nulle part) qu'elle estimait que si les nos évaluations contenait un bon tiers d'évaluation par compétence et que le reste concernait les savoirs ou savoirs-faire, c'était bon !!!!
Un problème supplémentaire se pose car d'un côté le ministère limite le nombre de journées d'examens organisables sur l'année (3 sessions à organiser : décembre, juin et rattrapage début septembre) à 17 jours au total mais exige que tous les élèves soient évalués oralement et par écrit dans toutes les langues vivantes. Dans mon école un prof de langue vivante a 5 classes qui chacune peuvent être de 30 élèves ... un bon casse-tête d'organisation..

Maintenant soyons honnêtes et il ne faut pas tout critiquer dans cette enseignement par compétences. En math par exemple cela nous oblige à recentrer l'enseignement vers des situations qui donnent du sens aux matières enseignées et évite la course à l'excellence en technicité souvent stérile pour 98% des élèves qui n'iront pas en math sup.

Je crois qu'il faut se dire : pas de compétences sans savoirs ni savoirs-faire et donc continuer à enseigner ces savoirs et savoirs-faire mais apprendre à les emballer dans ces nouvelles boites que sont les compétences dans les formes souhaitées par nos supérieurs hiérarchiques
(on n'analyse plus un texte, on écrit à un ami ce qu'on en pense...!!)

Charly

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