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#1 Le 09/05/2009, à 06:00

Reistre

Les stakhanovistes

Au sein du topic des ingés qui s'ennuient au boulot, certains ont reproché à d'autres de ne pas assez bosser, vu la conjoncture actuelle. Les accusés se sont empressés de justifier des horaires énormes, genre 60 heures par semaine, pour exciper ensuite de leur droit à s'ennuyer pendant 3 heures dans ce planning surchargé. Tout ceci éveille en moi quelques réflexions (je n'ai que ça à faire au boulot).

D'abord, il y a cette manie de faire des horaires énormes. Il paraît que c'est typiquement français et que dans d'autres pays, ça se passe différemment. En Allemagne, un cadre qui partirait tous les soirs à 19h00 serait considéré comme incapable de s'organiser. Je suis assez d'accord avec cela. Le rôle d'un cadre dans une entreprise est d'accomplir une (ou plusieurs) tâches, pas de faire des heures de présence. Quand je bosse sur un projet, j'essaie de le faire avancer. Et en général, je n'ai pas besoin de faire 60 heures par semaine. Ponctuellement, je peux être amené à rester tard le soir. Mais faire ça régulièrement, c'est absurde.

Ensuite, si le cadre est bon, il doit finir par gagner du temps. Par exemple, si une PME embauche un administrateur de bases de données pour remettre de l'ordre dans son usine à gaz, celui-ci aura du boulot dans un premier temps. Il va analyser l'existant, choisir des outils, mettre en place des procédures, effectuer des migrations. Mais, au bout de deux ans, s'il est bon, il va se retrouver avec une vulgaire tâche de surveillance des automatismes qu'il aura mis en place. Ensuite, ça dépendra de son tempérament. Si c'est un geek, il continuera de bosser à temps plein pour optimiser des broutilles et améliorer les performances de 1 pour cent. Si c'est un homme normal, il se laissera un peu aller et passera du temps à la machine à café. Mais, objectivement, le geek ne sera guère plus utile que l'homme normal.

Et c'est vrai dans d'autres domaines que l'informatique. J'ai un ami qui est commercial dans une grande entreprise. Sans se fatiguer, il atteint ses objectifs annuels dès le mois d'avril. Autant vous dire qu'il passe plus de temps à se promener qu'à remplir des tableaux Excel (ou Open Office). Et c'est justement parce qu'il est simple, naturel, sympathique, décontracté qu'il plaît à ses clients, des patrons de PME. Ses collègues stakhanovistes sont d'horribles raseurs.

Cela pour vous dire qu'efficacité et productivité ne signifient pas travail acharné.

Le problème, c'est que souvent on évalue les gens sur leur attitude et non sur leurs résultats. Et beaucoup de gens ont ce mot d'ordre issu de leur enfance : « Fais effort !» (Pour ceux qui connaissent, c'est de l'analyse transactionnelle.) Il faut à tout prix montrer qu'on passe beaucoup de temps et qu'on déploie une énergie intense à accomplir les choses. Or, personnellement, je fonctionne différemment. Je suis sensible à la facilité. J'aime les solutions élégantes. J'ai horreur de ce qui est laborieux. Et je dois bien reconnaître que c'est préjudiciable à mon avancement car mes chefs, eux, jouent aux stakhanovistes.

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