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#476 Le 25/05/2020, à 05:55

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé.

Vous accrochez de suite à une histoire, à un style, l’auteur vous « possède » à fond, vous entrez à fond dans son truc et ce n’est pas qu’au début du bouquin ça !

Non, ça se poursuit jusqu’aux 3/4 , vous en redemandez et puis tout à coup, au détour d’un chapitre du dernier 1/4, tout se déglingue et vous vous dites : « tout ça pour ça ? Mais il se fiche de moi, le con  ! »

J’avais ressenti ça dans le dernier chapitre de l’Ethique du père Baruch, grosse colère contre ce philosophe auquel j’avais consacré plusieurs mois de lecture de son œuvre majeure (à doses homéopathiques, je précise…) et dont j’avais pensé alors en découvrant ce dernier chapitre à une montagne accouchant d’une souris (« l’amour intellectuel de Dieu » etc.) Tout ça pour ça ?

Là, avec ce nouveau bouquin, tout y était : ce haut fonctionnaire de la Commission européenne, sa spécialité numérique branchée (univers techno et très sensible de la Blockchain qui m’intéresse), le fait que ce haut fonctionnaire soit approché par des personnages énigmatiques de lobbies lui proposant un deal que, déontologiquement, il se devrait de suite de refuser mais... qui le tente. L’appel du diable quoi, sans quoi il n’y aurait pas d’histoire bien sûr ! tongue

Et puis aussi, cette clé USB mystérieusement abandonnée par un de ses interlocuteurs de lobby au cours d’un rdv dans le salon d’un grand hôtel bruxellois, clé USB qu’il décrypte en y repérant dans un des programmes qu’il y trouve, une « backdoor » très suspecte...

Et puis encore : avant une conférence prévue à Tokyo dans le cadre officiel de ses attributions bruxelloises, ce détour clandestin - et hors de radars de Bruxelles et même de sa famille -  de 48 heures à Dailin, en Chine,  pour rencontrer un haut responsable d’entreprise de minage qui lui fait un pont d’or en échange de « services » pour faciliter l’introduction de ces machines de minage – que lui sait être « backdoorées »  - au sein de l’UE.

Et puis le récit plein de suspense de ces 48 heures épiques à Dailin au cours desquelles toute la carapace technocratique de ce personnage se fissure et s’effondre avec ses doutes, avec sa peur de la corruption de fonctionnaire et du conflit d’intérêts qui lui pend au nez en même temps que le sentiment de rendre peut-être à l’UE un sacré service en la mettant à l’abri d’un nouveau marché chinois de machines de minages à « backdoors » ?

Un style simple, dense,  terriblement efficace et puis, à partir de la page 118, j’ai commencé à trouver des tas d’invraisemblances et ça n’a pas arrêté jusqu’à la fin  avec l’impression d’un récit partant en c….. mais qui continue de pas vous lâcher pas quand même !

Oui car l’auteur est très fort, il vous fait aller jusqu’au bout !

Oui parce que ce n’est que dans les toutes dernières pages (mais les toutes dernières hein!) que j’ai eu vraiment l’impression de m’être fait avoir mais alors : avec un bras long comme ça ! mad

« La clé USB » de Jean-Philippe Toussaint !

Put 1 de clé, je m’en souviendrai ! roll

Dernière modification par Compte anonymisé (Le 25/05/2020, à 05:58)

#477 Le 11/06/2020, à 08:45

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Si vous avez en charge des enfants en bas-âges ou des ados (ou des petits enfants) ce livre s’adresse à vous.

Sa démarche est clairement scientifique et s’appuie sur une somme de notes et de références bibliographiques qui rendent d’ailleurs sa lecture parfois difficile et ingrate.

Mais ses constats sont catégoriques  et édifiants : au-delà d’un minimum de temps scientifiquement établi par tranches d’âges, pour les plus jeunes donc, l’usage des écrans (tablettes, smartphones, télévision etc ) que ce soit sur le plan du divertissement bien sûr mais aussi sur le plan (soi-disant) éducatif est nocif sur de très nombreux plans : concentration, développement d’un langage et d’une pensée complexes, santé physique et mentale (avec développement de formes multiples d’irritabilité, d’anxiété, de troubles du sommeil etc etc)

L’auteur déconstruit d’ailleurs au passage certaines croyances et certains mythes comme celui d’une génération de « digital natives » qui seraient plus doués et plus « intelligents » que leurs aînés pour utiliser avec beaucoup de rapidité, de flexibilité  et d’intuition qu’eux tous les outils numériques actuels.

C’est faux démontre l’auteur car leur agilité et leur intelligence de ces outils n’est pas transférable à d’autres domaines de compétences, de savoirs et de savoir-faire bien plus essentiels, selon lui.

Et de rappeler que tous les « winners » adultes de la Silicon Valley – pas fous, eux ! - sont soucieux d’éduquer leurs enfants en les mettant à l’abri de ces tous ces sorciers numériques puisqu’ils  les placent dans des écoles privées aux méthodes d’enseignements très traditionnelles, elles  !

Ce sont leurs mômes qui dirigeront le monde plus tard. Pas les nôtres !

Ce livre concerne donc nos enfants mais, dès le départ, en tant qu’adulte ne faisant pas partie de cette génération des plus jeunes, je me suis senti totalement concerné par son contenu et je dois reconnaître que je l’ai lu avec…  une certaine mauvaise conscience vu le temps que je passe moi-même  quotidiennement en mode connecté derrière un de ces fichus écrans ! hmm

Car en quoi ce livre ne s’adresserait-il donc pas non plus aux adultes que nous sommes et à nous qui n’avons pas connu que la seule révolution numérique ?

Et en quoi tout ce temps consacré à ces interfaces lumineux ne modifient-ils pas les modes de pensées et de réactions de nos enfants mais pas seulement d’eux : de nous aussi qui sommes a priori plus en mesure de pouvoir y réfléchir pour avoir connu d’autres formes d’appréhension du monde et des connaissances ?

Un bouquin à mon avis vraiment utile et qui fait réfléchir.

La Fabrique du Crétin Digital / Les dangers des écrans pour nos enfants/  Michel Desmurget

#478 Le 16/06/2020, à 00:33

gazimel

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Je viens de récupérer le bouquin.

Dommage que l'auteur ait cru devoir polémiquer pendant une bonne partie du livre, la démonstration était très suffisante.
On peut aller directement à la page 455 pour y trouver les infos intéressantes.
Et là on tombe sur le cul ! Une grande partie de nos convictions, certitudes, espoirs se trouvent mis à mal. Non, les écrans ne facilitent pas la scolarité, ils l’entravent considérablement. Les résultats des recherches  sont implacables.

Il me semble avoir noté la  présence d’enseignants sur le forum, y a t-il eu un débat, ont ils donné leur avis ?
Un bouquin qu’il faut avoir lu. Merci jackpot de nous l’avoir signalé ! smile

Hors ligne

#479 Le 16/06/2020, à 06:01

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

gazimel a écrit :

Dommage que l'auteur ait cru devoir polémiquer pendant une bonne partie du livre, la démonstration était très suffisante.

C'est vrai. Mais je pense que c'est parce qu'il était excédé d'entendre et de lire sans cesse de fausses vérités prétendument scientifiques émanant de personnes ayant beaucoup d'autorité et de respectabilité scientifique et médiatique. Par exemple, je ne connaissais pas le rôle très partial (et favorable aux pubs du lobby sucrier) que la journaliste Chritine Kelly avait joué un moment au sein de CSA. L'auteur donne l'impression d'être un peu seul contre tous. En tout cas : contre beaucoup. Qui ont beaucoup d'intérêts (pas très "catholiques" assez souvent) à défendre leurs positions qui consistent souvent à dire : "circulez, y a rien à voir."


gazimel a écrit :

On peut aller directement à la page 455 pour y trouver les infos intéressantes.

Même si elles sont fastidieuses à lire et qu'il y a des répétitions, toutes ses démonstrations en amont de cette conclusion révèlent que l'auteur a particulièrement bossé la question avec de nombreuses références scientifiques qui paraissent bien fondées. C'est du sérieux, clairement.

gazimel a écrit :

Et là on tombe sur le cul ! Une grande partie de nos convictions, certitudes, espoirs se trouvent mis à mal. Non, les écrans ne facilitent pas la scolarité, ils l’entravent considérablement. Les résultats des recherches  sont implacables.

En ce qui me concerne, j'aurais du mal à trancher n'étant pas expert en la matière. La seule chose que je peux dire se rapporte à ma propre expérience : j'ai toujours pensé que les écrans jouaient le rôle de nouveaux magiciens un peu sorciers des temps modernes qui nous accaparaient trop au point de nous hypnotiser. Ce n'est qu'un avis personnel bien sûr qui n'est tiré que de mon propre ressenti : mais, pour donner un exemple, pour moi, lire un ouvrage sur du papier n'a rien à voir avec lire quelque chose sur un écran d'ordinateur. Et, depuis la révolution de l'ordinateur individuel, je passe beaucoup trop de temps connecté et accaparé par des questions de technophile : je suis devenu addict à la manière d'un ado et tout ce que décrit l'auteur (diminution de la concentration, irritabilité, développement de la "pensée rase-motteTwitter" etc etc...), je le vis au quotidien et cela me pose intimement problème (d'où le sens de ma signature d'ailleurs). En fait, en ouvrant ce bouquin, dès le début, je me suis dit que quelque part le "crétin digital" ce serait aussi moi et pas seulement que tous ces gamins. Et je ne me suis pas trompé en poursuivant cette lecture avec une certaine mauvaise conscience.

gazimel a écrit :

Il me semble avoir noté la  présence d’enseignants sur le forum, y a t-il eu un débat, ont ils donné leur avis ?

Aucune idée

gazimel a écrit :

Un bouquin qu’il faut avoir lu. Merci jackpot de nous l’avoir signalé ! smile

C'est la fonction essentielle de ce forum : communiquer, partager, échanger. wink

Dernière modification par Compte anonymisé (Le 16/06/2020, à 08:08)

#480 Le 20/06/2020, à 07:33

CM63

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Bonjour,

Je "lis" "Sans famille" d''Hector Malot, toujours en audio.


Quoi? Quelque chose que je ne connais pas et qui me fait l'affront d'exister?!

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#481 Le 20/06/2020, à 15:46

Ayral

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Je crois avoir lu ça vers mes 12 ans, dans la Bibliothèque Verte, suivi de En Famille (moins connu) , à la suite de sœurs plus âgées... En ont suivi les histoires de la comtesse de Ségur, née Rospotchine (Un bon petit diable, Le Général Dourakine, Les Malheurs de Sophie, Les Petites Filles modèles…) À la suite encore la Tulipe Noire, d'Alexandre Dumas, etc.Tarass Boulba de Gogol, etc. Maintenant les gamins de cet âge pour la plupart sont dans les BD et les jeux vidéo, quoique mon petit fils a lu en très peu de temps à 9 ou 10 ans tout Harry Potter, et il se rappelle de tous les détails, c'est pas normal. C'est pas la moitié d'un c.. celui là.


Pour mettre les retours de commande entre deux balises code, les explications sont là : https://forum.ubuntu-fr.org/viewtopic.php?id=1614731
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Site de graphisme du fiston Loïc
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#482 Le 20/06/2020, à 16:46

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Moi, en ce moment, c'est du polar, et du bon.

Je termine "Ceux qui tombent" de Michael Connelly. J'aime beaucoup Connelly. Il y a un tout " univers" chez lui, il sait raconter des histoires et nous tenir en haleine sans nous prendre pour des imbéciles.

Et je commence "Padana City" de Massima Carlotto et Marco Videtta qui m'accroche dès les premières pages. Tout ça c'est pour la détente (de qualité quand même).

Sinon, en lecture plus "studieuse" "Le goût de vivre" d'André Comte-Sponville : succession d'articles assez courts et faciles à lire qu'il a publiés dans des hebdomadaires, sur des thèmes très divers mais à portée philosophique.

Et, à doses homéopathiques, Luc Ferry essaie de m'expliquer l'apport de Kant dans "Sagesses d'hier et d'aujourd'hui."...

Kant... tout un programme, je tourne autour de ce monument depuis un moment, mais je ne me sens pas encore la force de l'attaquer de front.

Pour le moment, je me contente donc d'excellents "passeurs" comme Luc Ferry, (qui a passé des années, lui, à le lire et le comprendre).

Luc Ferry, gros réac insupportable du Figaro mais excellent pédagogue et qui sait y faire et donner envie quand il s'agit de philo.

#483 Le 03/07/2020, à 15:45

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Les fables de La Fontaine, tout simplement ! je les relis dans une vieille édition ayant appartenu à mon regretté père que je garde précieusement. C'est un pur régal ces fables ! Une par jour, prise au hasard, à l'heure de la sieste.

Qu'est-ce que c'est bien tourné !

Là tout à l'heure je tombe sur les quatre premiers vers  de "La femme noyée". Qu'est-ce que c'est drôle ! 

La Fontaine a écrit :

Je ne suis pas de ceux qui disent : Ce n'est rien ;
            C'est une femme qui se noie.
Je dis que c'est beaucoup ; et ce sexe vaut bien
Que nous le regrettions, puisqu'il fait notre joie;

Nul doute que Marlène aurait apprécié. tongue

Et encore plus ce qui suit :

La Fontaine a écrit :

Ce que j'avance ici n'est point hors de propos,
              Puisqu'il s'agit dans cette fable
              D'une femme qui dans les flots
Avait fini ses jours par un sort déplorable.
              Son Époux en cherchait le corps,
              Pour lui rendre, en cette aventure
              Les honneurs de la sépulture.
              Il arriva que sur les bords
              Du fleuve auteur de sa disgrâce (1)
Des gens se promenaient ignorant l'accident.
            Ce Mari donc leur demandant
S'ils n'avaient de sa Femme aperçu nulle trace :
Nulle,  reprit l'un d'eux ; mais cherchez-la plus bas ;
             Suivez le fil de la rivière.
Un autre repartit : Non, ne le suivez pas ;
             Rebroussez plutôt en arrière.
Quelle que soit la pente et l'inclination (2)
             Dont l'eau par sa course l'emporte,
             L'esprit de contradiction
              L'aura fait flotter d'autre sorte.
Cet homme se raillait (3) assez hors de saison.
              Quant à l'humeur contredisante,
              Je ne sais s'il avait raison.
              Mais que cette humeur soit, ou non ,
              Le défaut du sexe et sa pente, (4)
              Quiconque avec elle naîtra
              Sans faute avec elle mourra,
              Et jusqu'au bout contredira,
              Et, s'il peut, encor par delà.


Edit
: 1) son malheur
(2) inclinaison
(3) se railler : se rire de quelque personne ou de quelque chose, n'en faire nul cas, ne pas s'en soucier (Richelet)
(4) sa tendance

Dernière modification par Compte anonymisé (Le 03/07/2020, à 15:58)

#484 Le 03/07/2020, à 15:56

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Le jeune veuve aussi ! Pas mal !

Mais, dans un autre registre, j'aime bien "L'oiseau blessé d'une flèche" :

La Fontaine a écrit :

Mortellement atteint d'une flèche empennée (1),
Un Oiseau déplorait sa triste destinée,
Et disait, en souffrant un surcroît de douleur :
Faut-il contribuer à son propre malheur !
         Cruels humains ! Vous tirez de nos ailes
De quoi faire voler ces machines mortelles.
Mais ne vous moquez point, engeance sans pitié :
Souvent il vous arrive un sort comme le nôtre.
Des enfants de Japet (2) toujours une moitié
               Fournira des armes à l'autre.


Edit
: (1) La flèche était additionnée de plumes qui la guidaient dans les airs
(2) père de Prométhée qui façonna les mortels avec de la terre glaise.

Dernière modification par Compte anonymisé (Le 03/07/2020, à 15:57)

#485 Le 05/07/2020, à 07:04

CM63

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Et c'est plutôt une grosse moitié, d'ailleurs.


Quoi? Quelque chose que je ne connais pas et qui me fait l'affront d'exister?!

Hors ligne

#486 Le 24/07/2020, à 05:56

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Il y a plusieurs histoires dans ce bouquin étonnant, au style carrément exceptionnel :

- celle d’un chirurgien réputé aux mains d’or à la tête d’une grande clinique de la région grenobloise dans laquelle lui et ses enfants Mathieu et Mathilde ont des parts financières.

- celle de ses relations très compliquées avec son épouse, ex- pharmacienne réputée versée dans le mysticisme et qu’il ne comprend plus.

- celle de ses relations compliquées avec son fils Mathieu qui a choisi d’exercer dans la grande finance informatique avec des clients rémunérateurs mais peut-être pas très nets. Un fils qu’il ne comprend plus non plus, lui qui gagne sa vie avec son travail quand son fils la gagne avec l’argent des autres.

- celle de ses relations compliquées enfin avec sa fille Mathilde, sa fille  qu’il adore mais qu’il ne comprend plus non plus depuis qu’elle est tombée amoureuse d’un certain Loïc, client d’affaire douteux de son fils Mathieu. Il apprend incidemment que sa fille vient de vendre sa part financière dans la clinique parce que son amoureux a besoin d’argent frais ce qui le rend fou de rage car il perd alors la majorité actionnariale qu’il détenait jusqu'à présent avec ses deux enfants.

- celle d’un amoureux - et grand connaisseur - de la chasse au cerf avec des récits d’une précision et d’une richesse exceptionnelles : alors là, GR si tu nous lis ici en sous-marin, ce bouquin n’est pas fait pour toi ! tongue wink  Quoique non : parce qu’il se trouve que dès le début du livre, ce grand chasseur n’éprouve plus le même plaisir à traquer le cerf, qu’il rate presque volontairement sa dernière cible qu’il ne fait que blesser en décidant de la ramener dans son relais de chasse pour la réparer chirurgicalement et la remettre sur pieds. Alors là, des pages d’une précision chirurgicale exceptionnelle dans un style exceptionnel ! Il y a aussi la séquence poignante de sa trouvaille d’un chien qui erre sur la route, un chien qu’il heurte malencontreusement avec son véhicule et qu’il récupère là encore pour le soigner et l’adopter. Il l’appelle Argus et il se trouve que c’est un super chien de chasse, un griffon Khortals

- enfin ce bouquin est un polar exceptionnel : Loïc, le client douteux de son fils Mathieu entraîne sa fille Mathilde dans une histoire financière pas nette du tout puisque le couple est poursuivi par des tueurs qui doivent leur régler leur compte. Loïc, qui arrive ensuite blessé par balle dans le relais de chasse de François et que François – serment d’Hippocrate oblige – se doit de soigner clandestinement avec les moyens du bord alors qu’il hait ce type cynique qui lui a volé sa fille en l’entraînant dans une histoire de folie.

Là encore des pages exceptionnelles dans la précision chirurgicale avec un suspense de haut vol dans les toutes dernières pages quand les tueurs ont finalement  retrouvé la trace de Loïc planqué dans le relais de chasse de notre chirurgien.

Ce bouquin me laisse littéralement sur le cul d’autant plus que je ne connaissais pas son auteur au sujet duquel on ne trouve d’ailleurs pas grand-chose sur Wikipedia. J’ai cru que c’était un chirurgien (ou un ex-chirurgien) mais non, apparemment.

Et qu’il pratiquait la chasse au cerf dont il était un grand connaisseur : rien non plus. En tout cas, un vrai talent que cet écrivain ! Qui vient donc d’obtenir un prix bien mérité, le Prix Médicis 2019 pour ce livre étonnant :

« La Tentation » (Luc Lang)

Dernière modification par Compte anonymisé (Le 24/07/2020, à 06:45)

#487 Le 13/08/2020, à 06:41

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Histoire secrète du Mossad de 1951 à nos jours par Gordon Thomas

Travail vraiment exceptionnel d’un auteur qui connaît le sujet sur le bout des doigts. Un bouquin qui, pour un non initié, présente aussi l’intérêt de se laisser "dévorer" comme un vrai polar palpitant de A jusqu’à Z.

Tout y est retracé avec la plus grande minutie et dans les moindres détails : des « exploits » bien connus du Mossad (comme le fameux enlèvement d’Adolf Eichmann en Argentine où l’on apprend qu’une simple chaussure mal lacée d’un agent du Mossad sortant du véhicule pour mettre la main sur Eichmann qui rentrait du boulot avait failli faire capoter l’opération !  en passant par l’opération Entebbe en Ouganda pour libérer des otages israéliens etc etc ) jusqu’à quelques échecs retentissants (comme des tentatives de « liquidation » de leaders palestiniens réfugiés à l’étranger complètement ratées et causant de graves soucis diplomatiques de ces pays avec Israël).

Mais il y a bien mieux : c’est l’analyse dans les moindres détails de la puissance incomparable  de pénétration de cette formidable machine de renseignement et de manipulation jusqu’au coeur même de l’ennemi, au niveau des états-majors les plus proches des gouvernements et centres de décision ennemis.

Incroyable de voir, par exemple, à quel point Israël était renseigné sur les intentions de l’Egypte juste avant la guerre des 6 jours. Et le nombre d’Arabes haut placés « retournés » qui travaillaient alors pour le Mossad !

Pénétration pas seulement au coeur de l’ennemi mais aussi au coeur de celui des alliés et notamment du plus proche d’entre eux : les Etats-Unis.

Pourquoi ?

Parce que les intérêts d’Israël, à certains moments, ne convergeaient pas du tout avec la diplomatie américaine consistant alors à trouver une solution avec les Palestiniens d’Arafat et qu’il fallait saboter tous les efforts en ce sens de son allié.

Parce qu’Israël n’a jamais voulu d’un état palestinien à ses côtés ni cru à quelque espoir de paix avec ses voisins qui ne lui pardonneront jamais les conditions de sa naissance, dès le début du XX°.

Parce qu’aussi la disposition d’esprit particulière d’Israël est de ne compter sur personne, même en ses plus proches alliés et qu’il  est nécessaire d’aller bien plus loin qu’une simple coopération et qu’un simple comportement de client avec eux en leur piquant ce qu’ils peuvent avoir de plus précieux dès que l’occasion se présente : là, si vous vous décidez à plonger dans ce livre,  vous vous régalerez avec l’histoire incroyable de "l'incursion" par le Mossad dans le fameux logiciel Promis et de la création d'une porte dérobée à l'insu des ses utilisateurs ... espions ! parce le Mossad c'est aussi une pointure en informatique !

On apprend aussi comment et pourquoi le Mossad a pénétré le Vatican qui avait longtemps boudé Israël (probablement en raison de ce vieil antisémitisme chrétien) pour favoriser une reconnaissance diplomatique d’Israël par celui-ci. Comment ? Par un marchandage : Jean-Paul II ayant été très marqué par la tentative d’assassinat dont il avait été l’objet en mai 81 et il voulait absolument savoir qui étaient les vrais commanditaires qui avaient formé et dirigé le tueur Mehmet Ali Ağca.

Le Mossad, après un long travail d’investigation, s’est chargé de le renseigner en éliminant d’abord toutes les fausses pistes qui avaient été judicieusement disposées pour tromper les éventuels inquisiteurs (en commençant par éliminer la fausse piste du KGB) et lorsque, quelques années plus tard, dans un moment exceptionnel et historique, Jean-Paul II se rend dans la cellule où est incarcéré son assassin, ce n’est pas pour lui « pardonner » comme on l’a longtemps cru, mais c’est pour s’entendre confirmer de la bouche même de Mehmet Ali Ağca ce que le Mossad lui avait déjà appris : et il se trouve que l’auteur lui-même Gordon Thomas, a assisté à ce bref entretien de 21 minutes montre en main et qu’il sait de quoi il parle.

Il y a tant de choses qu’on découvre et qu’on apprend complètement halluciné dans ce bouquin !

L’assassinat d'Yitzhak Rabin en  novembre 95 par un étudiant juif d’extrême-droite ? Du pipeau ! Les balles tirées l’étaient à blanc et Yitzhak Rabin savait qu’il allait être victime d’une tentative d’assassinat. Ce qu’il ne savait pas c’est que, dans l’ambulance qui le ramenait en urgence à l’hôpital le plus proche en faux blessé Yitzhak Rabin allait être liquidé par ceux-là même qui lui avaient demandé de se prêter à cette mascarade ! Qui ? Oui : « EUX ». Toujours « EUX »  ! Realpolitik. Trop gentil avec les Palestiniens Yitzhak Rabin parce qu’il voulait leur accorder un état.  Donc, par ici la sortie ! 

Le Mossad est donc impitoyable avec ceux qu’il considère comme des traîtres à "la cause" comme Mordechai Vanunu un des « premiers lanceurs d’alerte » des temps modernes qui avait photographié le fameux centre atomique clandestin israélien de Dimona en plein coeur du désert du Néguev pour dénoncer le danger atomique : il l’a payé cher, très très cher - 18 ans de prison dont 12 en isolement complet - et encore, lui, aura échappé à la liquidation.

Car le Mossad est le seul service de renseignements au monde à disposer encore officiellement d’une unité d’assassinat : les très professionnels kidon qui vont liquider tous les ennemis d’Israël jusqu’au bout du monde, des dizaines d’années après leurs actes de « terrorisme » - ou de « résistance » selon le point de vue qu’on adopte – et ce, en utilisant les moyens les plus sophistiqués pour ne pas laisser de traces.

Bref, rien qu’avec son seul  Mossad et en laissant même de côté sa puissance militaire et nucléaire – jamais officiellement revendiquée d’ailleurs- on comprend que tous les ennemis d’Israël ne font décidément pas le poids et que les Arabes et les Iraniens, au lieu de gesticuler et de lancer sans cesse des imprécations et des appels à la destruction d’Israël feraient mieux de commencer à apprendre à débusquer auprès des leurs tous ceux qui renseignent, de près ou de loin, et tous ceux qui agissent, de près ou de loin pour le compte du Mossad.

Tous ceux mais aussi toutes celles comme la charmante Cindy, alias Cheryl Bentov agente du Mossad mise un moment sur la route de Mordechai Vanunu pour permettre son enlèvement.

Toujours vivante d’ailleurs et retirée quelque part aux Etats-Unis. Se refusant à accorder toute interview sinon à dire qu’elle avait agi professionnellement et par patriotisme sans ne rien regretter.

Histoire secrète du Mossad, je conseille vivement, j’ai passé un bon mois dessus.

Pas seulement parce que ce livre est très dense et très touffu mais aussi parce qu’il faut faire durer les plaisir quand on a enfin un bon bouquin entre les mains ! tongue

Dernière modification par Compte anonymisé (Le 13/08/2020, à 06:46)

#488 Le 13/08/2020, à 07:53

CM63

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Je "lis", toujours en audio, "un beau frère" de Hector Malot (l'auteur de "sans famille"). Une histoire de magouille d'héritage. On veut faire croire qu'un héritier est fou, afin de lui sucrer sa part.


Quoi? Quelque chose que je ne connais pas et qui me fait l'affront d'exister?!

Hors ligne

#489 Le 15/08/2020, à 16:53

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Histoire secrète du Mossad (suite) : juste pour réparer un oubli dans mon compte-rendu du livre ci-dessus. Encore une chose que l'on apprend à propose des  attentats du Drakkar à Beyrouth le 23/10/1083.

Le Mossad savait pertinemment et aurait pu les empêcher. Mais il a préféré laisser faire pour lancer un "avertissement" à ses alliés américains ( 241 morts) et français ( 58 morts) en leur signifiant ainsi en langage subliminal que leurs entreprises au Moyen-Orient et que leurs relations avec les pays arabes du coin ne correspondaient pas du tout à leur propre vision des choses. Mais pas du tout, alors.

Bref : que l'Orient compliqué ce n'était pas fait pour eux et qu'il valait mieux laisser tomber. 

Israël et le Mossad, eux, "savaient faire" avec leurs voisins arabes et iraniens...

Dernière modification par Compte anonymisé (Le 15/08/2020, à 16:54)

#490 Le 23/08/2020, à 17:50

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

« L’étrange suicide de l’Europe » de Douglas Murray

Le point de vue de l’auteur est le suivant : la poursuite d’une politique migratoire libérale signe à plus ou moins long terme l’arrêt de mort des sociétés européennes libérales.

Son analyse sur plus de 500 pages est extrêmement détaillée et documentée et passe en revue toutes les contradictions mais aussi tous les silences et toutes les compromissions plus ou moins honteuses des responsables politiques sur ce sujet tabou. Sujet hautement inflammable et qui vous classe de suite à l’extrême-droite et comme raciste dès que vous l’abordez. Ce que beaucoup de politiciens ont parfaitement compris pour éviter des ennuis en refilant le souci aux élus suivants.

Une partie du  travail de D.M décrypte avec minutie le chant du cygne de notre civilisation européenne- selon lui - à bout de souffle sur de nombreux plans (démographique, culturel, artistique, religieux…) mais aussi prompte à délaisser voire à renier certaines de ses valeurs et certains de ses héritages historiques comme si elle ne croyait plus vraiment en elle-même. Et juste bonne à se consacrer à la consommation et au divertissement.

La nature ayant horreur du vide, l’auteur décrit ensuite ce qui - à ses yeux - risque de commencer à combler ce vide à travers une immigration de masse incontrôlée, majoritairement musulmane et aux valeurs radicalement différentes : une Europe donc, en train de devenir démographiquement, ethniquement, culturellement et religieusement profondément modifiée.

De la même manière qu’il passe en revue tous les attentats islamistes – des plus sanglants et spectaculaires à ceux qui sont passés inaperçus faute de médiatisation suffisante parce qu’ils ont été tus ou minorés- ayant été perpétré ces 20 dernières années notamment en Espagne, en Angleterre, au Danemark, aux Pays-Bas, en Belgique, et en France, l’auteur n’hésite pas non plus à aborder des sujets extrêmement sensibles et tabous comme les agressions sexuelles pudiquement tues ou minorées par les autorités, notamment en Allemagne : agressions de migrants à l’encontre de jeunes femmes allemandes –  et pas seulement durant le Nouvel An 2016 -   mais aussi avant et après cette date.

  Et pas qu'en Allemagne mais aussi en Angleterre     

Et pas que de migrants à l’encontre de jeunes européennes mais aussi de migrants entre eux : de nombreux exemples sont cités dans des foyers d’immigrés.

Autre souci selon l’auteur : un continent qui fait venir les peuples du monde entier fait également venir en son sein les problèmes du monde entier.  Et l’auteur de citer des agressions visant des musulmans fomentées par d’autres musulmans (comme ceux subis par une secte minoritaire pakistanaise ayant trouvé refuge en Angleterre. )

Douglas Murray passe – à mon avis - très vite sur les avantages de l’immigration avec l’argument suivant : certes, l’immigration a présenté bon nombre d’avantages à ses débuts, à partir des années 50/60 et jusqu’aux années 80 environ avec des travailleurs, de nouvelles cultures, de nouvelles cuisines, de nouvelle vibrations y compris sur le plan artistique.

Mais dans les situations actuelles de trop pleins et de débordements de toutes parts, selon lui, la dix-millionième nouvelle arrivée n’apporte rien d’autre que des soucis.

Il rejette aussi avec ses propres sources l’affirmation que – sur le plan économique – l’immigration de masse rapporterait plus qu’elle ne coûterait en montrant en quoi les statistiques affirmant le contraire étaient tronquées.

L’auteur rappelle aussi que - tandis que l’Europe occidentale « compose » comme elle le peut avec l’immigration -  quelques pays d’Europe centrale (comme la Pologne, la Hongrie, la République tchèque…) ne se posent pas la question et la refuse systématiquement pour préserver leurs identités respectives. Et cela sans aucune mauvaise conscience. Ce qui est le cas d’autres pays dans le monde (comme le Japon et l’Australie) Sans oublier tous les pays arabes moyen-orientaux, (Arabie Saoudite, Emirats-Unis, Qatar, Oman… ) pourtant musulmans, qui n’acceptent, eux,  que des immigrations temporaires de travail et sans aucun regroupement familial.

Donc, résume l’auteur, pourquoi l’Europe occidentale devrait supporter pratiquement à elle seule -  si on exclut des pays comme la Jordanie et la Turquie -  le poids d’une immigration de masse provenant d’Asie Centrale, du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord, d’Afrique sub-saharienne et d’Afrique Noire ?

Parce que -répond l’auteur - l’Europe des Droits de l’Homme (correspondant selon lui à une forme de sécularisation  de certaines valeurs du Christianisme comme la compassion, l’empathie…) est fortement pétrie de mauvaise conscience et de mésestime de soi.

Et les opinions autochtones dans tout cela ? L’auteur cite plusieurs sondages réalisés en Allemagne dont un, en 2015 , affirmant que pour 60 % d’allemands, l’islam n’avait pas sa place en Allemagne.  Ils étaient 47 % à le penser en 2010.

Quant aux solutions pour endiguer le phénomène, l’auteur n’en voit pas : quand un migrant débarque en Europe et il est quasiment sûr d’y rester, qu’il soit réfugié ou migrant économique.

Donc non, selon lui, pas de solutions d’autant plus la poursuite de cette politique migratoire plus ou moins supportée voire même encouragée semble s’avérer nécessaire pour combler les déficits démographiques d’une Europe vieillissante et payer les retraites des européens. Voir le Pacte de Marrakech sur cette question   

Mais pas que les retraites des européens : celles des immigrants des premières vagues années 60 à 80/90 aussi car les migrants vieillissent eux aussi.

Dans un dernier chapitre intitulé « Ce qui arrivera » l’auteur rapporte un article paru en Octobre 2016, conjointement dans les journaux Der Freitag et Huffington Post Deutschland, rédigé par un migrant syrien de 18 ans, Aras Bacho. Il s’y plaignait du fait que les migrants en avaient «assez » du peuple allemand « en colère » qui « s’agite et insulte », peuple essentiellement composé de « racistes au chômage ». Entre autre imprécations – je cite toujours textuellement l’auteur page 531 – ce migrant syrien continuait : « Nous les réfugiés… nous ne voulons pas vivre dans le même pays que vous. Vous pouvez, et je crois que vous devriez, quitter l’Allemagne. L’Allemagne ne vous plaît pas et bien pourquoi vous vivez ici ?… Cherchez-vous un nouveau foyer. »

Cet article est tiré d’une vidéo disponible sur You Tube dont l’auteur donne la référence sous le titre : " Erstaufnahme Asyl Lübke Kassel Lohfelden 14/10/2015."

J’en ai retrouvé le lien, elle est allemand, donc ne parlant pas cette langue, je ne garantis rien : https://www.youtube.com/watch?v=KdnLSC2hy9E

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Voilà :  après lui avoir consacré plusieurs heures de lecture, je referme ce bouquin  en éprouvant un profond malaise. Celui fluctuant quelque part entre éthique de conviction et éthique de responsabilité : car c’est chouette d’avoir des convictions et des principes. Mais c’est autre chose que d’en assumer toutes les conséquences dans la confrontation avec la réalité. Et le plus souvent ce ne sont pas les mêmes personnes qui défendent une éthique de conviction en assumant en même temps une éthique de responsabilité.

Généralement, les premières laissent les secondes se débrouiller avec la confrontation au réel.

Une précision avant d’en finir :  l’auteur l’affirme lui-même à plusieurs reprises, il n’est ni un fasciste, ni un raciste, ni un nazi, et il se démarque totalement de tous les partis véhiculant ce genre d’idéologies.

Que dit d’ailleurs Wikipedia à son sujet (entre autres ) ?

Wikipedia a écrit :

« Murray critique régulièrement l'islam, au sein duquel il identifie une « croyance teintée de fascisme islamique [qui est] un fondamentalisme pervers, né à l'âge des ténèbres pour nous attaquer ici et maintenant. ». Il considère que le relativisme culturel ne fait qu'exacerber le problème. Il qualifie l'islamophobie de non-sens, car « il y a un nombre considérable de raisons de craindre certains aspects — certes, pas tous — ainsi que certaines versions de l'islam. ». À cause de ses commentaires sur l'extrémisme islamique tel qu'on peut le rencontrer aux Pays-Bas, il est aujourd'hui obligé, lorsqu'il se rend dans ce pays, de se faire accompagner d'un policier. »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Douglas_M … A9crivain)

Dernière modification par Compte anonymisé (Le 23/08/2020, à 17:52)

#491 Le 25/08/2020, à 07:53

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

« Le plus beau but était une passe » Ecrits sur le football Jean-Claude Michéa

Résumé : Le football s'est progressivement transformé en sport business et en sport spectacle, où les valeurs traditionnelles du beau jeu et du fairplay sont en voie de disparition parce qu'elles ne sont pas rentables. Il est certain, en effet, qu'aux yeux des classes dominantes l'industrie du football représente un élément décisif du soft power, ou de ce contrôle du temps de cerveau disponible destiné à faire passer l'amère potion libérale. Au même titre, là encore, que l'industrie de la mode, l'univers numérique ou celui de la world music et de ses concerts géants. Avec, toutefois, cette différence notable qu'il est à peu près impossible d'exercer le moindre regard critique sur la dynamique du capitalisme en se situant, par exemple, à l'intérieur du monde de la mode - puisque celle-ci ne constitue que le commentaire poétique de cette dynamique déshumanisante. Alors que l'univers du football offre encore un certain nombre de prises à une vision non capitaliste de la vie."

L’auteur :
Jean-Claude Michéa a enseigné la philosophie aux terminales du Lycée Joffre à Montpellier. Tous ses ouvrages ont été publiés chez Climats. Il est reconnu comme l'un des plus atypiques des penseurs français. Son dernier livre, « Notre ennemi le capital », parait bientôt dans la collection "Champs".

Mon avis : je ne suis ni un amateur ni un connaisseur en matière de football mais il m’arrive, dans quelques circonstances (Coupe du Monde, Ligue des Champions) de regarder en diagonale quelques matches. Peut-être suis-je alors victime de l’effet boule de neige créé par les médias ?

Mais peut-être aussi suis-je un de ces « chercheurs d’or » inconscients à la recherche de beau et de gratuit : le « beau jeu ». C’est ce que j’ai compris à la lecture de cet ouvrage essentiel en la matière.

L’auteur nous ramène loin, très loin en arrière, aux origines de ce sport aristocratique anglais, quand il s’agissait alors de courir aussi vite que possible en direction du but adverse en s’efforçant chaque fois de porter seul le ballon et de faire la différence de façon purement individuelle. Il était alors conçu comme un dribbling game et il était considéré comme déshonorant le fait de passer le ballon à un partenaire.

Mais dans les année 1870, ce sont au contraire les ouvriers écossais – marqués à la différence des clubs aristocratiques par cette culture de l’entraide et de la solidarité  - qui allaient progressivement entreprendre de substituer à cette pratique élitiste et individualiste un jeu désormais essentiellement basé sur la passe et le mouvement collectif ( passing game).

On comprend mieux alors l’intérêt du titre du livre, en référence à la réaction du footballeur français Eric Cantona à la question : « Quel a été votre plus beau but ?  Mon plus beau but a été une passe ! »

L’auteur nous fait découvrir avec force détails et références qu’il a existé un âge d’or du football, à partir des années 30 en Autriche puis dans les années 50 en Hongrie où était alors pratiqué le beau jeu tourné essentiellement vers l’offensive et la prise de risque : peu importait alors de prendre des buts, ce qui comptait c’était d’en marquer plus que l’adversaire ! Et l’on pouvait avoir des scores étonnants du genre 7 buts à 6 !

C’était alors un jeu immensément populaire conçu par le peuple pour le peuple qui devenait à la fois aficionado mais aussi connaisseur en matière de beau jeu.

Puis, au fil du temps, le football est devenu une industrie passant progressivement aux mains d’une oligarchie financière cherchant profit et rentabilité. Alors , fini le beau jeu devenant une utopie non « productive ». Et l’auteur analyse avec pertinence à quel point le Capital moderne a dénaturé méthodiquement les fondements populaires et humains de ce sport (que beaucoup d’intellectuels ont toujours considéré comme stupide et aliénant sans le comprendre vraiment) :

- soumission des clubs au pouvoir de l’argent (l’arrêt Bosman constituant le moment décisif et destructeur de cette mise en place des logiques ultralibérales)

- médiatisation grotesque de l’événement sportif lui-même trop souvent commenté par des « experts » incompétents

- généralisation de la corruption et du dopage

- depuis les années 70 multiplication des efforts pour substituer au joyeux public traditionnel de stades, connaisseur et gouailleur, la figure bariolée et nettement plus manipulable du supporter, cible de choix du merchandising

- sur le terrain, développement d’un jeu de calcul essentiellement basé sur la défense tous azimuts, l’objectif essentiel recherché étant surtout de ne pas encaisser de but et d’essayer d’en marquer au moins un , par exemple au cours d’une soudaine contre-attaque cherchant à faire provoquer une faute à l’adversaire pour bénéficier d’un coup franc, voire mieux d’un pénalty. Le match nul (genre 0-0 ou 1-1) étant considéré comme un moindre mal mais surtout pas de défaite !

C’est le triste spectacle qu’offrent bon nombre de matches actuels et qui peuvent rendre ennuyeux bien des confrontations modernes, que ce soit aux yeux du connaisseur ou d’un public non averti.

L’auteur, dans sa nostalgie du beau et du vrai football, fait souvent référence à un ouvrage Eduardo Galeano « Le football, ombre et lumière ») dont il cite ce passage :

«  L’histoire du football est un voyage triste, du plaisir au devoir. À mesure que le sport s’est transformé en industrie, il a banni la beauté qui naît du plaisir de jouer pour jouer. En ce monde de fin de siècle le foot professionnel condamne ce qui est inutile et est inutile ce qui n’est pas rentable. Il ne permet à personne cette folie qui pousse l’homme à redevenir enfant un instant, en jouant comme un enfant joue avec un ballon de baudruche et comme un chat avec une pelote de laine. »

Alors faut-il complètement désespérer du football moderne ?

Non répond JC Michéa.

« Il restera toujours les dribbles enchantés et gratuits d’un Ronaldo ou les contrôles extra-terrestres d’un Zidane comme un pied de nez aux maîtres su monde et à ceux des entraîneurs modernes qui se contentent de traduire sous forme de consignes tactiques le froid réalisme des maîtres. Cela, bien sûr, le public populaire des stades, dans sa majorité le sent immédiatement. Mais cette intelligence populaire qui descend au fond des choses, comme on descend à la mine, l’intelligentsia n’a guère les moyens de la reprendre à son compte. Parce qu’il lui est impossible de comprendre en quel sens et de quelle façon le football a été – et peut être encore – une source privilégiée de la créativité populaire et qu’elle ne peut pas comprendre non plus en quoi la disparition programmée de cette créativité menace de priver les classes populaires d’un des fondements majeurs de leur identité. »

Notre équipe de France de football a remporté la Coupe du Monde en juillet 2018 . J’ai suivi quelques uns de ses matches que j’ai trouvés le plus souvent fades et ennuyeux (sauf le très beau France-Argentine).

En finale, il m’a semblé que son adversaire, la Croatie, avait produit un bien plus beau jeu offensif, téméraire, sans calcul : c’est peut-être bien pourquoi elle a perdu !

#492 Le 31/08/2020, à 07:49

CM63

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Bonjour,

Je lis "La rencontre" , de la série "Les semailles et les moissons" de Henri Troyat. Livre trouvé dans un passe-livre. Pour l'instant c'est une histoire d'amour des plus banales, ce qui m'étonne carrément de la part de Troyat, de ce que j'en ai lu jusqu'à présent. J'espère que ça va changer.

PS du 2/09/2020 : en fait ça se mélange avec les années 30, le nazisme, la menace de guerre, etc, "y'aura sûrement pas la guerre, ils ne sont pas fous"
PS du 20/09/2020 : eh ben ça se termine juste à la Libération, en passant par le marché noir, les rafles, etc.

Dernière modification par CM63 (Le 20/09/2020, à 21:52)


Quoi? Quelque chose que je ne connais pas et qui me fait l'affront d'exister?!

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#493 Le 02/09/2020, à 07:30

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Bonjour,

Je ne me souviens pas avoir lu Troyat.

Quant à moi, je viens de terminer « La Disparition de Josef Mengele » d’Olivier Guez, un petit bouquin qui se lit vite et dont j’ai trouvé la démarche très originale : à savoir qu’en suivant scrupuleusement tout ce qui a été clairement établi de la cavale de Mengele en Europe et hors d’Europe en Amérique Latine, à savoir qu’en respectant scrupuleusement les identités de toutes les personnes qui l’ont protégé en Argentine, en Uruguay, au Paraguay puis au Brésil mais aussi en Europe en commençant par son propre fils Rolf, l’auteur, dans une forme de fiction, nous fait revivre de l’intérieur ce qui a pu être la vie de Mengele en exil et ce qu’il a pu ressentir tout au long de ces années de cavale.

Bref : avec ce livre, par la fiction imaginée par l’auteur, on entre dans la peau et dans la tête de Mengele.

Et bien, d’après ce qu’Olivier Guez imagine, pas très rose cette vie !   

À part la première période de son exil en Argentine où ses conditions de vie semblent avoir été bonnes alors qu’il était bien entouré, admiré et choyé par ses « collègues » nazis eux-mêmes en fuite, et qu’il a même pu alors vivre un moment sous sa véritable identité,   au fur et à mesure que les années passent et que l’étau du Mossad se resserre autour de lui – un Mossad qui a déjà trouvé et ramené son confrère Eichmann – et bien Mengele est contraint de passer de pays en pays d’Amérique latine et de compter sur moins de complicités qu’avant.

Son moral et son physique se dégradent  alors sérieusement : et c’est un Mengele déprimé, acariâtre, colérique, haineux même à l’égard de cette famille de hongrois qui le loge et qui le cache – moyennant espèces sonnantes et trébuchantes bien entendu - qu’Olivier Guez nous décrit.

On se laisserait même aller à plaindre les problèmes de prostate et d’hypertension de ce « pauvre homme » vieillissant !

« Pauvre homme » qui – fuyant les climats chauds et humides des contrées d’Amérique du sud - se sera quand même payé à un moment le luxe d’être revenu tranquillement en Europe revoir les siens sous une fausse identité, d’être allé faire un peu de ski dans ses chères Alpes suisses, pour revenir tranquillement en Amérique latine dans ses différents lieux d’exil ! Fallait le faire quand même à une époque où ce personnage était l’un des nazis les plus recherchés de la planète !

J'ai vérifié sur wikipedia :  : l’auteur a bien respecté différents épisodes avérés de cette cavale comme la rencontre avec son fils Rolf venu lui rendre visite dans sa cachette brésilienne. Rolf qui méprisait son père et qui avait clairement été détesté et méprisé par lui.

Rolf témoignant ensuite du fait que jamais son père n’avait émis le moindre regret, le moindre remords pour son passé sinistre en tant que « médecin » à Auschwitz.

Rolf qui a clairement aidé sur tous les plans pendant sa cavale -avec la complicité des cousins Karl Heinz et Dieter de Günzburg et de toute la famille de cet assassin.

L’ouvrage se termine par l’évocation du simulacre de procès débutant en 1985 (soit 6 ans après la mort alors non encore avérée de Mengele au Brésil) au mémorial de l’Holocauste de Yad Vashem, à Jérusalem où défilent des témoins survivants qui pensent qu’il est encore vivant et qui réclament justice.

Des femmes racontent que des SS ont fracassé des crânes de nourrissons vivants avec leurs crosses de fusils et décrivent le mur d’yeux épinglés comme des papillons dans le bureau de Mengele.

Par ailleurs, une ancienne gardienne d’un bloc de jumeaux tsiganes se souvient : après avoir injecté le sperme d’un jumeau dans les entrailles d’une jumelle dans l’espoir que la jeune femme donne naissance à une paire nourrissons, Mengele, constatant qu’elle ne porte qu’un enfant, lui a arraché le bébé de l’utérus et l’a jeté au feu.

On apprend dans le bouquin que Mengele aurait effectué quelques avortements clandestins durant sa cavale en Argentine, juste pour garder la main, en somme.


La « Disparition de Josef Mengele » est un excellent bouquin qui se lit un peu comme un polar mais qu’on referme avec un sentiment de malaise pour peu que l’on remette à sa place la réalité historique dans la part de fiction qui aide à rendre un peu plus digeste cette abominable histoire.

Dernière modification par Compte anonymisé (Le 02/09/2020, à 17:33)

#494 Le 04/09/2020, à 18:38

CM63

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Je lis "Ainsi parlait Zarathoustra" de Friedrich Nietzsche. Je veux en avoir le cœur net, je veux savoir si Nietzsche a vraiment dit "maintenant que dieu est mort" ou s'il le fait seulement dire par l'un de ses personnages, ce qui n'est pas la même chose, même si c'est le narrateur. Marcel n'est pas Proust.
Je le "lis" en audio, lu par Michael Lonsdale, récupéré sur Internet cool


Quoi? Quelque chose que je ne connais pas et qui me fait l'affront d'exister?!

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#495 Le 04/09/2020, à 18:41

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Ouh la la ! Nietzsche = nitroglycérine ! On marche sur des oeufs ! Et ça décape ! tongue

Edit : pour ta question, je crois bien qu'il le fait dire à son personnage. Mais en fait, c'est que qu'il pense lui-même. Il a été assez clair dans d'autres de ses écrits, notamment dans l'Antéchrist

Dernière modification par Compte anonymisé (Le 04/09/2020, à 18:58)

#496 Le 04/09/2020, à 20:04

CM63

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

jackpot a écrit :

Ouh la la ! Nietzsche = nitroglycérine ! On marche sur des oeufs ! Et ça décape ! tongue

Ni pas assez lol roll

jackpot a écrit :

Edit : pour ta question, je crois bien qu'il le fait dire à son personnage. Mais en fait, c'est que qu'il pense lui-même. Il a été assez clair dans d'autres de ses écrits, notamment dans l'Antéchrist

Oui, tu as raison, je m'en rends compte, j'en ai lu a peu près un tiers. je pense que Nietzsche pensait vraiment que Dieu est mort à son époque, mais je pense qu'il se trompe, foi d’athée!
Cela dit Ainsi parlait Zarathoustra, c'est tout simplement sublime. J'attends l'épisode de l'antéchrist, j'en avais eu une présentation par une conférence de Frédéric Gros, à la BNF.

Erratum du 23/01/2021 : non, je confond(ai)s "l'antéchrist" avec l'épisode de l'inquisiteur de Sévile, des frères Karamasov, de Dostoïevski .

Dernière modification par CM63 (Le 23/01/2021, à 08:55)


Quoi? Quelque chose que je ne connais pas et qui me fait l'affront d'exister?!

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#497 Le 05/09/2020, à 19:00

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Avec l'Antéchrist il règle ses comptes avec le christianisme et il n'y va pas mollo : Nietzsche c'est la philosophie à coups de marteaux !

"Toute Église est la pierre sur le tombeau d'un Homme-Dieu, elle veut à tout prix l'empêcher de ressusciter."

Mais ce n'est pas tout :

« Périssent les faibles et les ratés ! Et il faut même les y aider ! »

Pour Nietzsche, la morale chrétienne conduit à inverser les valeurs initiales de la vie en faisant de la force un mal et de la faiblesse un bien. Son projet de renversement des valeurs vise à retrouver les valeurs initiales qui envisageait la vie et son énergie débordante positivement

http://philocite.blogspot.com/2018/04/l … perir.html

#498 Le 17/09/2020, à 19:43

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

"La Glace Noire" de Michael Connelly : un sacré bon polar, très dense avec un rebondissement de premier ordre à la fin. Il est fort Michael !

#499 Le 20/09/2020, à 08:05

Compte anonymisé

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

"Paris- Berlin La Survie de l'Europe" d'Edouard Husson : pas toujours facile à lire ce bouquin, certaines choses ne m'y intéressent pas mais d'autres énormément. Il est ainsi essentiel pour bien comprendre tous les malentendus de tous ordres (culturels, historiques etc...) qui empêchent nos dirigeants - mais aussi nous-mêmes - de bien se comprendre. On est trop partagés de part et d'autre du Rhin par des sentiments et des a- priori contradictoires sans jamais arriver à mettre le curseur au bon niveau.

Je n'en suis qu'au premier tiers.

Il est aussi excellent ce bouquin pour mieux cerner psychologiquement l'incontournable Merkel, tout un  chapitre lui est réservé.

Avec un constat imparable de l'auteur et preuves à l'appui : depuis Sarkozy en passant par Hollande et Macron à présent, nos dirigeants ont beaucoup plus "offert" qu'ils n'ont "reçu" de la chancelière.

#500 Le 27/09/2020, à 22:48

CM63

Re : Qu'est-ce que tu lis en ce moment...?

Je "lis" en audio "Les Frères Karamazov" de Fiodor Dostoïevski, et en lecture normale "La malandre" de Henri Troyat, trouvé dans un passe-livre.

Dernière modification par CM63 (Le 27/09/2020, à 22:49)


Quoi? Quelque chose que je ne connais pas et qui me fait l'affront d'exister?!

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