#1 Le 06/06/2016, à 06:47
- Compte anonymisé
La p'tite heure du café philo
Bientôt la redoutable épreuve du bac, alors révisons mes amis et posons-nous enfin les vraies questions !
Pensez-vous que de la naissance jusqu'à la mort tout est joué d'avance ? Qu'on est totalement déterminé et programmé pour n'être au fond que ce qu'on est en rejouant peu ou prou les mêmes scénarios tout au long de nos vies ? Ou bien, au contraire, estimez-vous que nous disposons d'un total libre arbitre, que nous sommes vraiment libres de choisir (par exemple entre le "bien" et le mal"), qu'en tant qu'Homme notre inventivité et notre créativité est sans fin, que nous pouvons nous réinventer sans cesse en repoussant toujours plus loin nos limites ?
Dernière modification par Compte anonymisé (Le 06/06/2016, à 06:55)
#2 Le 06/06/2016, à 09:20
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
Pensez-vous que de la naissance jusqu'à la mort tout est joué d'avance ?
Non, mais il reste tout de même une partie qui est prédéterminée, donc on ne contrôle pas son destin à 100 %
qu'en tant qu'Homme notre inventivité et notre créativité est sans fin
Non plus, la créativité à ses limites et au bout d'un moment, on en a fait le tour. On fini donc immanquablement par copier quelqu'un sans le savoir.
que nous pouvons nous réinventer sans cesse en repoussant toujours plus loin nos limites ?
Repousser ses limites n'a aucun sens. Donc la première question à se poser serait plutôt de savoir pourquoi certains cherchent à le faire.
Dernière modification par Compte anonymisé (Le 06/06/2016, à 09:31)
#3 Le 08/06/2016, à 06:58
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
il reste tout de même une partie qui est prédéterminée, donc on ne contrôle pas son destin à 100 %
Quelle serait, selon toi cette « partie prédéterminée » ? Et en quoi ce serait elle qui ferait « que l'on ne contrôlerait pas son destin à 100 % » ?
la créativité à ses limites et au bout d'un moment, on en a fait le tour. On fini donc immanquablement par copier quelqu'un sans le savoir.
Comment peux-tu assurer que " la créativité de l'Homme aurait ses limites et qu'au bout d'un moment on en aurait fait le tour "? Comment peux-tu assurer qu'on finit toujours par « copier » quelqu'un sans le savoir ? Par exemple : qui (ou quoi) a-t-on copié en inventant le moteur à explosion ? et l'électricité ? qui (ou quoi) a-t-on « copié » en allant sur la lune ? Qui (ou quoi) cherche-t-on à « copier » en essayant d'aller sur Mars ?
Repousser ses limites n'a aucun sens
Comment repousser ses limites n'aurait aucun sens si, comme tu le dis avant, « on ne contrôlerait pas son destin à 100 % » ? Parce que si j'associe ces deux affirmations, j'y vois une contradiction qui peut donner lieu à cette question et à cette ouverture. Je m'explique : en effet, ne peut-on pas admettre que le fait « de ne pas contrôler totalement son destin » signifierait en fait que nous n'avons pas de destinée précise entièrement programmée et que c'est cet espace de non programmation de nos destinées qui nous offrirait d'immenses perspectives de pouvoir repousser toujours plus loin nos limites ?
N'est-ce pas au fond ce que nous démontre depuis des millénaires la formidable évolution de l'Homme, depuis l'âge des cavernes jusqu'à ce qu'il est devenu de nos jours sans que l'on puisse vraiment définir ce qu'il sera demain ?
Repousser ses limites n'a aucun sens. Donc la première question à se poser serait plutôt de savoir pourquoi certains cherchent à le faire.
Ne serait-ce pas au contraire le propre même de l'Homme et je veux dire là bien sûr : de tous les hommes, à toutes les époques et à tous leurs différents niveaux d'évolution ? Ce qui ferait aussi que, quoique nous pensions personnellement et en 2016 des notions "d'évolution et de progrès", nous avons peu ou prou largement validé, adopté et intégré ceux effectués par nos prédécesseurs ?
Et aujourd'hui, dans nos vies quotidiennes, quels que soient nos degrés de culture et d'éducation, quels que soient nos tempéraments, ne cherchons-nous pas toujours à améliorer nos petites (ou plus grandes) choses dans tous les domaines ?
Que nous soyons chercheur de haut niveau ou plombier, ne cherchons-nous pas toujours à essayer de "faire mieux", " plus vite", "plus pratique", "plus sain", "plus propre", "plus équilibré"," plus confortable" etc etc ? sans être jamais totalement satisfaits des résultats obtenus et en étant toujours amenés à "repousser toujours plus loin le bouchon" ?
Dernière modification par Compte anonymisé (Le 08/06/2016, à 07:12)
#4 Le 08/06/2016, à 07:59
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
"Le lion, la vitre et l'enfant"
Ce matin, je découvre cette petite vidéo :
http://www.20min.ch/ro/news/faits_diver … t-26005049
J'observe que quand l'enfant salue le lion, le lion tapi au fond de la cage, l'observe attentivement.
Mais que, dès que l'enfant lui tourne le dos, le lion déboule et semble attaquer l'enfant.
Ma première réaction (très anthropomorphique) est de me dire : « mais qu'il est lâche ce soi-disant roi de la forêt ! Attaquer par derrière ! Et un enfant en plus !»
Ma deuxième réaction est de me dire : « mais non, c'est tout simplement l'instinct du chasseur qui a parlé dans ce lion et qui a pris l'enfant tournant le dos pour un possible petit animal en fuite donc « à prédater ».
Ma troisième réaction est de me dire : « en fait, non : ce lion voulait simplement jouer avec ce qu'il a pris pour un autre petit animal. »
Ensuite je me demande ce qui se serait passer s'il n'y avait pas eu la vitre ?
Le lion aurait-il dévoré l'enfant ? Le lion aurait-il simplement voulu jouer avec l'enfant ? Mais aurait-il eu alors conscience de pouvoir faire très mal à ce petit enfant en croyant simplement jouer avec lui ?
Autrement dit je me pose la question de conscience (de soi, des autres) et de celle des notions de « bien et de mal » à comparer entre l'Homme et l'Animal. Mais vous allez m'aider, j'en suis sûr !
#5 Le 08/06/2016, à 11:30
- bruno
Re : La p'tite heure du café philo
Quelle serait, selon toi cette « partie prédéterminée » ? Et en quoi ce serait elle qui ferait « que l'on ne contrôlerait pas son destin à 100 % » ?
Ton patrimoine génétique, ton environnement culturel et social , entres autres, déterminent ce que tu es et limitent le champ des possibles.
Comment peux-tu assurer que " la créativité de l'Homme aurait ses limites et qu'au bout d'un moment on en aurait fait le tour "?
Elle a forcément ses limites car nous sommes par essence des êtres limités vivant dans un monde limité. Limités dans le temps, dans le champ des possibles, dans nos capacités cognitives.
Comment repousser ses limites n'aurait aucun sens …
Cela n'a pas de sens, car par définition une limite est ce qui ne peut pas être dépassé. Il faut donc creuser le sens qui se trouve derrière l'expression « repousser ses limites ».
#6 Le 08/06/2016, à 20:56
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
jackpot a écrit :Quelle serait, selon toi cette « partie prédéterminée » ? Et en quoi ce serait elle qui ferait « que l'on ne contrôlerait pas son destin à 100 % » ?
Ton patrimoine génétique, ton environnement culturel et social , entres autres, déterminent ce que tu es et limitent le champ des possibles.
On pourrait alors parler « d'essences ». Mais n'est-il pas justement dans la nature le propre de l'homme que de vouloir faire passer au premier plan « l'existence » ? En dépassant justement tout ce qui aura pu d'abord le conditionner ?
jackpot a écrit :Comment repousser ses limites n'aurait aucun sens …
Cela n'a pas de sens, car par définition une limite est ce qui ne peut pas être dépassé
Je dirais plutôt : ce qui ne doit pas être dépassé. La notion de limite me paraît en effet totalement relative et fixée par des codes circonstanciels. Elle peut être fixée par la société pour permettre de mieux vivre ensemble (ex : une limitation de vitesse fixée par le code de la route dans certains lieux mais que je peux enfreindre à mes risques et périls). Elle peut être aussi fixée par soi-même (ex : je me donne comme objectif de ne pas fumer plus de 5 cigarettes par jour, oui mais je peux être tenté d'en griller 6). Une limite peut être aussi politique et territoriale : mais là encore l'Histoire (et le Présent) montre à quel point les frontières sont faites pour être sans cesse refondées et recréées au fil des conflits et des guerres.
nous sommes par essence des êtres limités vivant dans un monde limité. Limités dans le temps, dans le champ des possibles, dans nos capacités cognitives.
Toute l'histoire de l'humanité semble prouver le contraire. Nous n'étions pas faits pour voler, nous n'avons pas cessé d'admirer le vol des oiseaux durant des siècles et des siècles oui mais un jour, nous avons pu voler. Nous n'étions pas programmer pour respirer sous l'eau, nous avons longtemps rêvé d'être des poissons oui mais, un jour, nous avons inventé le scaphandre puis le sous-marin et nous sommes allés tutoyer les poissons. En matière de robotique, nous sommes en train de créer des intelligences artificielles dont on peut même craindre qu'elles échappent à notre contrôle un jour...
Serions-nous autant limités dans nos capacités cognitives alors que c'est grâce à elles que nous inventons sans cesse des procédés et des machines qui nous permettent d'aller toujours plus loin, plus haut, plus fort, plus en profondeur etc... ? Ce qui prouverait donc au contraire que nos capacités cognitives sont largement extensibles (sans oublier non plus qu'il est scientifiquement attesté que, pour différentes raisons, nous n'en utilisons en général qu'une très faible potentialité).
Quant à « être limités dans le temps », quid de l'allongement sans cesse prolongé de nos espérances de vie ? Quid de la formidable accélération du temps que nous vivons actuellement et qui semble montrer que nous ne cessons de le bousculer, ce temps ? Dans la « Silicon Valley », aujourd'hui même, certains chercheurs ne considèrent la mort que comme un simple problème technique (à résoudre) !
Dernière modification par Compte anonymisé (Le 08/06/2016, à 21:15)
#7 Le 08/06/2016, à 21:35
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
En matière de robotique, nous sommes en train de créer des intelligences artificielles dont on peut même craindre qu'elles échappent à notre contrôle un jour...
Et pourquoi faudrait il le craindre ? moi je trouve au contraire que c'est un formidable espoir. La peur de ne plus être au sommet du monde et de ne plus avoir droit de vie et de mort sur les autres espèces, comme l'homme le fait de nos jours ? Et si une intelligence artificielle naissait, supérieure à celle de l'homme, alors pourquoi donc celle ci n'aurait elle pas droit de vie et de mort sur nous ?
Ce qui prouverait donc au contraire que nos capacités cognitives sont largement extensibles (sans oublier non plus qu'il est scientifiquement attesté que, pour différentes raisons, nous n'en utilisons en général qu'une très faible potentialité).
Toi tu as trop regardé le film " Lucy " de Besson
Seul souci : ce fameux argument scientifique du faible % du cerveau humain utilisé est faux.
Quant à « être limités dans le temps », quid de l'allongement sans cesse prolongé de nos espérances de vie ? Quid de la formidable accélération du temps que nous vivons actuellement et qui semble montrer que nous ne cessons de le bousculer, ce temps ? Dans la « Silicon Valley », aujourd'hui même, certains chercheurs ne considèrent la mort que comme un simple problème technique (à résoudre) !
L'espérance de vie augmente de moins en moins, et parfois même elle diminue.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Esp%C3%A9 … 9tats-Unis
Dernière modification par Compte anonymisé (Le 08/06/2016, à 21:36)
#8 Le 10/06/2016, à 07:25
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
jackpot a écrit :En matière de robotique, nous sommes en train de créer des intelligences artificielles dont on peut même craindre qu'elles échappent à notre contrôle un jour...
Et pourquoi faudrait il le craindre ? moi je trouve au contraire que c'est un formidable espoir. La peur de ne plus être au sommet du monde et de ne plus avoir droit de vie et de mort sur les autres espèces, comme l'homme le fait de nos jours ? Et si une intelligence artificielle naissait, supérieure à celle de l'homme, alors pourquoi donc celle ci n'aurait elle pas droit de vie et de mort sur nous ?
Oui, je n'y avais pas pensé et c'est un point de vue que je trouve intéressant. Nous deviendrions alors en quelque sorte « les nouveaux animaux » de ces nouvelles intelligences artificielles supérieures aux nôtres. Mais si elles avaient droit de vie mais de mort aussi sur nous, je pense qu'on aurait alors raison de le redouter.
Cela dit, à partir du peu que j'en sais et que j'en ai lu, mais à partir de ce que j'ai pu aussi observer au cours d'un séjour au Japon, le rapport que l'on a aux robots me paraît très différent de ce qu'il est chez nous. Chez nous il me semble que notre intérêt pour les robots est empreint d'une certaine curiosité mêlée de beaucoup de méfiance : par exemple, le robot c'est celui qui concurrence et remplace l'emploi d'un travailleur. Au Japon, j'ai cru noter une véritable empathie positive et confiante des gens pour les robots : ce sont des personnages à part entière qui peuvent devenir de véritables compagnons. Ainsi, le vieillissement de la population japonaise posant problème et le Japon étant très réticent à l'immigration, on pense là-bas pouvoir utiliser des petits robots pour seconder les personnes âgées.
jackpot a écrit :Ce qui prouverait donc au contraire que nos capacités cognitives sont largement extensibles (sans oublier non plus qu'il est scientifiquement attesté que, pour différentes raisons, nous n'en utilisons en général qu'une très faible potentialité).
Toi tu as trop regardé le film " Lucy " de Besson
Seul souci : ce fameux argument scientifique du faible % du cerveau humain utilisé est faux.
Tu as probablement raison et j'ai raisonné trop vite. Mais en grattant un peu je ne suis pas sûr d'avoir tout à fait tort .
jackpot a écrit :Quant à « être limités dans le temps », quid de l'allongement sans cesse prolongé de nos espérances de vie ? Quid de la formidable accélération du temps que nous vivons actuellement et qui semble montrer que nous ne cessons de le bousculer, ce temps ? Dans la « Silicon Valley », aujourd'hui même, certains chercheurs ne considèrent la mort que comme un simple problème technique (à résoudre) !
L'espérance de vie augmente de moins en moins, et parfois même elle diminue.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Esp%C3%A9 … 9tats-Unis
Si l'on considère la question de l'espérance de vie sur une longue échelle de temps : n'a t-elle pas augmenté depuis l'âge des cavernes ? Voilà ce qui me paraît significatif et important.
Par ailleurs, et en dehors des péripéties et des irrégularités liées à son évolution, ce qui me semble important de retenir c'est que le souhait de l'Homme en général est bien de repousser à toujours plus tard l'échéance de la mort. Et que l'allongement de l'espérance de vie n'est pas qu'une conséquence de l'amélioration des conditions de vie et de multiples progrès mais qu'il résulte aussi d'un souhait profond de l'Homme. Qui peut même jusqu 'aller à la recherche d'un impossible rêve d'immortalité.
De nombreuses légendes en attestent.
Mais le sujet demeure toujours d'actualité et la Science a décidé de relever le défi
Dernière modification par Compte anonymisé (Le 10/06/2016, à 07:52)
#9 Le 10/06/2016, à 07:58
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
Oui, je n'y avais pas pensé et c'est un point de vue que je trouve intéressant. Nous deviendrions alors en quelque sorte « les nouveaux animaux » de ces nouvelles intelligences artificielles supérieures aux nôtres. Mais si elles avaient droit de vie mais de mort aussi sur nous, je pense qu'on aurait alors raison de le redouter.
La singularité technologique est un sujet qui me passionne.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Singulari … hnologique
Elle est globalement perçue de façon négative, mais tu as certainement raison c'est juste parce que ces machines et ces ordinateurs surpuissants risquent de nous faire une sérieuse concurrence.
J'ai une vue assez pessimiste sur le potentiel de l'humanité ( tu as du t'en rendre compte )
Je pense que si on espère voir progresser l'intelligence de l'homme uniquement en laissant se faire l'évolution, de façon naturelle on va dire, alors on y arrivera pas.
En effet ce sera trop lent et vu que l'homme est en train de détruire son environnement on va bouffer la boutique avant d'arriver à faire de nous des êtres potables d'un point de vue intelligence ( qui eux auraient le potentiel pour sauver leur planète et leur propre survie par la même occasion )
Par contre avec le développement de l’intelligence artificielle, il y a un espoir d'y arriver. Mais uniquement si on la laisse gérer cette affaire toute seule.
On pourra même espérer qu'elle trouve les moyens d'améliorer génétiquement l'homme pour en faire un être supérieur.
Par contre, d'un simple point de vue humaniste ( qui consiste à placer l'homme au dessus de tout ) c'est inconcevable bien entendu.
#10 Le 10/06/2016, à 10:04
- Fly0s
Re : La p'tite heure du café philo
Tu as probablement raison et j'ai raisonné trop vite. Mais en grattant un peu je ne suis pas sûr d'avoir tout à fait tort .
Pour une fois qu'un article de sciences du Point est potable, ne le mésinterprétons pas. Il dit précisément que cette idée qu'on sous-utilise notre potentiel cognitif est faux. Tous nos neurones ne sont pas actifs à un moment donné, mais c'est tout simplement dû à la spécialisation des aires cérébrales.
Si l'on considère la question de l'espérance de vie sur une longue échelle de temps : n'a t-elle pas augmenté depuis l'âge des cavernes ? Voilà ce qui me paraît significatif et important.
L'espérance de vie, c'est en moyenne combien de temps tu peux compter vivre au moment de ta naissance. Pas la durée de vie "maximum" des individus. Je suis pas sûr qu'elle ait vraiment beaucoup augmenté entre l'âge des cavernes et, disons, la période post-renaissance (quoiqu'on vivait probablement mieux à l'Antiquité?). Si elle a considérablement augmenté ces derniers temps, c'est principalement par élimination de sources de mortalités externes, notamment de la mortalité juvénile (qui réduit drastiquement l'espérance de vie).
Donc oui, c'est important l'allongement de l'espérance de vie, mais ça ne porte pas vraiment d'espoir spécifique sur un allongement "sans cesse prolongé". Je pense que c'était le sens de la remarque de Mudochon.
On n'a jamais ralenti, par exemple, le processus de vieillissement (sénescence) des individus, qui lui, suivra toujours son cours, à moins de modifications radicales du type dont rêvent les transhumanistes.
Hors ligne
#11 Le 10/06/2016, à 16:11
- sucarno
Re : La p'tite heure du café philo
Pour ma part, je me pose la grande question :
"Pourquoi on naît, puisque on va mourir à la fin ?"
« Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ». Étienne de La Boétie
Hors ligne
#12 Le 10/06/2016, à 17:45
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
jackpot a écrit :Oui, je n'y avais pas pensé et c'est un point de vue que je trouve intéressant. Nous deviendrions alors en quelque sorte « les nouveaux animaux » de ces nouvelles intelligences artificielles supérieures aux nôtres. Mais si elles avaient droit de vie mais de mort aussi sur nous, je pense qu'on aurait alors raison de le redouter.
La singularité technologique est un sujet qui me passionne.
Je ne connaissais pas du tout ce concept. On cite le film "Her" dans la page wiki dont tu donnes le lien comme singularité technologique dans la fiction : il se trouve que j'ai vu ce film et que je l'ai vraiment trouvé passionnant
J'ai une vue assez pessimiste sur le potentiel de l'humanité ( tu as du t'en rendre compte )
Il m'arrive de l'être aussi quand je me dis que l'Homme est un accident de l'Histoire qui met en danger beaucoup de choses. Il y a une légende grecque qui parle de ça d'ailleurs (je veux dire de cette drôle de place de l'Homme dans la Nature et le Cosmos, ce côté indéterminé, comme s'il avait "le cul entre deux chaises"), il va falloir que je la retrouve : je crois que c'est une scène décrite par un certain Protagoras.
Je pense que si on espère voir progresser l'intelligence de l'homme uniquement en laissant se faire l'évolution, de façon naturelle on va dire, alors on y arrivera pas.
En effet ce sera trop lent et vu que l'homme est en train de détruire son environnement on va bouffer la boutique avant d'arriver à faire de nous des êtres potables d'un point de vue intelligence ( qui eux auraient le potentiel pour sauver leur planète et leur propre survie par la même occasion )
Par contre avec le développement de l’intelligence artificielle, il y a un espoir d'y arriver. Mais uniquement si on la laisse gérer cette affaire toute seule.
On pourra même espérer qu'elle trouve les moyens d'améliorer génétiquement l'homme pour en faire un être supérieur.
Par contre, d'un simple point de vue humaniste ( qui consiste à placer l'homme au dessus de tout ) c'est inconcevable bien entendu.
Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que tu veux dire au juste. Est-ce que tu veux dire que, seule une intelligence artificielle permettra à l'Homme d'évoluer plus vite mais aussi d'être amélioré ? Mais d'être amélioré sur quel(s) plan (s) au juste ? Tu intégrerais par exemple le plan moral ? Pour en faire un être meilleur et plus juste ? Moins potentiellement dangereux pour son environnement ?
jackpot a écrit :Tu as probablement raison et j'ai raisonné trop vite. Mais en grattant un peu je ne suis pas sûr d'avoir tout à fait tort .
Pour une fois qu'un article de sciences du Point est potable, ne le mésinterprétons pas. Il dit précisément que cette idée qu'on sous-utilise notre potentiel cognitif est faux. Tous nos neurones ne sont pas actifs à un moment donné, mais c'est tout simplement dû à la spécialisation des aires cérébrales.
Oui, j'avais bien compris et relevé cela. Mais l'article dit aussi ceci (et c'est moi qui souligne quelques passages) :
En effet, 100 % de nos neurones nous sont bel et bien utiles tout au long de la journée, ou tout au moins de la semaine, mais nous ne les utilisons pas tous en même temps. Cependant, notre intelligence est aussi le fait de connexions entre nos neurones, et ces dernières sont illimitées, d'où l'idée vraie d'un vaste potentiel dormant à exploiter
(….)
Ce constat est rassurant mais peut décevoir ceux qui voyaient là un nouveau territoire à explorer. Devons-nous pour autant abandonner toute perspective de découvertes inédites ou de trésors enfouis au sein de nos 100 milliards de neurones ? Non, bien au contraire : le potentiel du cerveau est chaque jour à explorer et à améliorer, expliquent les scientifiques. Les découvertes récentes ont d'ailleurs ouvert un nouveau champ des possibles sur la plasticité neuronale : nous pourrions développer en permanence des connexions supplémentaires et, surtout, fabriquer de nouveaux neurones, ce que l'on croyait impossible il y a encore quelques années.
Au fil des découvertes, il apparaît que ce qui définit notre intelligence, ce ne sont pas tant nos neurones, mais les milliards de connexions que ceux-ci créent entre eux, telle une immense toile. Un réseau d'autant plus performant qu'il est en permanence capable d'évoluer, de se transformer et de s'entraîner.
http://www.lepoint.fr/sante/utilisons-n … 342_40.php
Pour ma part, je me pose la grande question :
"Pourquoi on naît, puisque on va mourir à la fin ?"
C'est une chouette question parce qu'elle pourrait être posée avec l'intelligence spontanée et primesautière d'un enfant de 5 ans en laissant l'adulte à qui il l'aura posé tout penaud et bien embêté !
Je crois qu'il faut se tourner vers les grands systèmes philosophiques et les propositions des philosophes pour tenter d'apporter non pas une mais de multiples réponses. Maintenant quant aux réponses personnelles... moi, pour le moment, je m'en garderais bien !
Dernière modification par Compte anonymisé (Le 10/06/2016, à 18:27)
#13 Le 10/06/2016, à 18:03
- Fly0s
Re : La p'tite heure du café philo
Ben, oui, on comprend de mieux en mieux notre cerveau, mais la plasticité neuronale, elle a toujours été là, elle, c'est pas du potentiel inexploré.
C'est elle qui nous permet de lire et faire des maths par exemple. Sur ce sujet, je te conseille les livres de Stanislas Dehaene ("La bosse des maths" et "Les neurones de la lecture"), à part les parties de biologie évolutive qui sont un peu approximatives, ils sont excellents et très accessibles !!
(Du coup, maintenant que je relis la phrase que tu cites, je revois mon jugement: article typique du Point, ils ont pas pu s'empêcher... )
Hors ligne
#14 Le 10/06/2016, à 18:33
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que tu veux dire au juste. Est-ce que tu veux dire que, seule une intelligence artificielle permettra à l'Homme d'évoluer plus vite mais aussi d'être amélioré ? Mais d'être amélioré sur quel(s) plan (s) au juste ? Tu intégrerais par exemple le plan moral ? Pour en faire un être meilleur et plus juste ? Moins potentiellement dangereux pour son environnement ?
Oui c'est tout à fait ça.
L'intelligence artificielle fait des progrès gigantesque alors que l'intelligence humaine stagne ( en tout cas c'est mon sentiment, mais qui est peut être faux )
Selon toute bonne logique elle devrait donc échapper à notre contrôle bientôt. C'est la singularité technologique.
L'homme peut être amélioré sur des tas de points.
D'abord en diminuant son agressivité naturelle ( c'est faisable, des tas d'espèces étant bien moins agressives que nous )
On peut aussi imaginer que les super ordinateurs qui auraient pris le pouvoir fasse un " élevage " d'homme et nous modifie génétiquement, comme nous le faisons nous même pour d'autres espèces actuellement.
Certes cela peut paraître horrible comme scénario mais en fait il est d'une totale logique : l'espèce la plus intelligente domine et exploite les autres espèces.
#15 Le 11/06/2016, à 07:32
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
Pour ma part, je me pose la grande question :
"Pourquoi on naît, puisque on va mourir à la fin ?"
Je reviens sur cette question qui m'a travaillé pas mal hier soir avant d'aller me coucher (tout en regardant le match d'ouverture de la Coupe d'Europe France-Roumanie). J'ai tourné en rond, j'ai cherché des réponses perso sans succès alors ce matin je suis allé chercher quelques propositions de réponses chez nos vieux amis Grecs.
Je crois bien que ta question soulève au fond la question du sens (= que faisons-nous là au juste ? dans quel but?) mais aussi et surtout : celle d'une forme d'angoisse face à la mort. C'est sur ce dernier aspect que j'ai plutôt envie de rebondir ce matin.
D'Homère à Platon et en allant jusque chez les stoïciens, et en restant que dans le domaine d'une sagesse purement laïque, voici quelques pistes possibles :
- le sage est celui qui accepte la condition de mortel en étant capable d'affronter toutes les peurs (sociales, économiques, psychiques etc...) et de les surmonter : comment ? Vaste programme ! Par la contemplation, par la méditation peut-être, par un long travail sur soi-même aussi. C'est Confucius, je crois qui serait l'auteur de cette jolie formule : « Le plus grand voyageur est celui qui a su faire une fois le tour de lui-même. »
- le sage est celui qui arrive à vivre pleinement au présent en s'arrachant à la pensée du passé et du futur qui nous empêchent sans cesse de mieux vivre au présent : c'est le fameux amor fati, c'est à dire l'amour de ce qui est là, devant nous tout simplement sans ressasser le passé (avec les sentiments du regret, de la nostalgie, ou des souvenirs de souffrance...) ni se tourner sans cesse vers l'avenir avec l'espoir que ça ira mieux demain quand on aura, par exemple, changé de voiture, ou de femme, ou de maison, ou qu'on aura fait un nouveau voyage ou trouvé un nouveau Dieu etc etc... Mais comme tout cela est très difficile, voire même quasiment impossible, disons plutôt que le sage est celui qui arrivera à regretter un peu moins et à espérer un peu moins ! arriver à ça sera déjà pas mal !
- le sage est celui qui devient alors un "fragment d'éternité" en n'ayant eu de cesse que de chercher à s'élever par la pensée. Dans la pensée stoïcienne, lorsque le sage parvient à s'ajuster à l'ordre du monde et à vivre en harmonie avec lui-même alors il devient un "fragment d'éternité" puisque, dans cette pensée -comme dans une large part de la pensée grecque antique d'ailleurs- le Cosmos est éternel. Les stoïciens n'arrêtent pas de le répéter dans leurs œuvres : la mort n'est pas effrayante, ce n'est qu'un passage de l'état de vivant à l'état de matière inanimée mais ce n'est pas une perte ni un néant, mais seulement une transition. Lorsqu'on est un fragment d'éternité on est soi-même éternel, on est un atome du Cosmos.
Voici ce que nous dit à ce sujet un beau texte d'Epictète qui dialogue avec un disciple :
« Les feuilles tombent, la figue sèche remplace la figue fraîche, le raisin la grappe mûre, voilà selon toi des paroles de mauvaise augure ? En fait, il n'y a là que la transformation d'états antérieurs en d'autres états. Il n'y a pas de destruction mais un aménagement et une disposition bien réglés. L'émigration n'est qu'un petit changement, -chez les Grecs l'émigration est une punition redoutable, elle signifie une forme de bannissement de la Cité qui est une des formes du Cosmos- , la mort en est un plus grand. C'est ce que nous sommes actuellement qui va mourir mais pas la totalité de ce que nous sommes.
- Alors je ne serai plus ? demande le disciple
- Tu ne seras pas ce que tu es, mais tu seras autre chose dont le monde aura tout autant besoin. »
Moi j'aime bien cette perspective. Et toi ?
Bien sûr rien n'empêche de critiquer cette philosophie stoïcienne ni d'aller chercher ses limites et de se dire que ce n'est pas elle qui te libérera totalement de ton souci (ni totalement du mien d'ailleurs non plus ) ! Et que ta question demeure toujours présente et sans véritable réponse satisfaisante. M'enfin, faut quand même bien chercher des pistes...
Dernière modification par Compte anonymisé (Le 11/06/2016, à 07:40)
#16 Le 11/06/2016, à 08:00
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
Est ce vraiment utile de chercher un sens à notre existence ?
En supposant même que notre vie n'ai aucun sens ( et perso je n'en sais rien ) est ce que cet état de fait est suffisant pour rendre cette dernière totalement sans valeur ?
La par contre je ne pense pas. La vie se suffit à elle même.
Et si le sens, l'utilité, n'étaient que des notions humaines ?
En d'autres termes, est ce que l'univers ( cad notre environnement dans sa globalité ) a besoin d'un sens pour évoluer et exister, ou est ce que cette notion n'est que le fruit de l’imagination de l'homme, qui n'arrive pas à comprendre que l'on puisse s'en passer ?
Dernière modification par Compte anonymisé (Le 11/06/2016, à 08:01)
#17 Le 13/06/2016, à 06:21
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
Est ce vraiment utile de chercher un sens à notre existence ?
En supposant même que notre vie n'ai aucun sens ( et perso je n'en sais rien ) est ce que cet état de fait est suffisant pour rendre cette dernière totalement sans valeur ?
La par contre je ne pense pas. La vie se suffit à elle même.Et si le sens, l'utilité, n'étaient que des notions humaines ?
En d'autres termes, est ce que l'univers ( cad notre environnement dans sa globalité ) a besoin d'un sens pour évoluer et exister, ou est ce que cette notion n'est que le fruit de l’imagination de l'homme, qui n'arrive pas à comprendre que l'on puisse s'en passer ?
Je pense qu'on peut très bien vivre avec ce qui nous est donné sans trop se poser de questions : c'est même le lot quotidien de la plupart d'entre nous qui passent 90 % de leur temps à s'occuper d'autre chose pour ne pas avoir à penser à ces terribles questions.
En même temps, que veux-tu : ne serait-ce pas le propre de l'Homme que d'être amené à se poser de temps à autre ces questions et de vivre avec la pensée ?
Platon explique dans le Timée que, lorsqu'on vit avec la pensée, on entre dans une certaine forme d'éternité, au sens, où, comme le dira aussi Spinoza, "le sage meurt finalement moins que le fou" : donc moins d'angoisse face à la question de la mort...
A noter quand même que le sage -celui qui parvient à la vie philosophique authentique- n'est pas forcément le philosophe. Car le philosophe est celui qui cherche tout le temps la sagesse et le sens, donc il n'est pas dans la sagesse et il n'a pas trouvé le sens.
Ce sont les sophistes qui disaient je crois à propos de la vérité et du sens des choses : il y a ceux qui ne les ont pas parce qu'ils les cherchent. Mais ceux qui les possèdent n'ont pas à la chercher. Ils les ont et ils se taisent...
Un modeste bûcheron en sait donc peut-être bien plus qu'un grand philosophe ! En tout cas : il peut vivre certainement plus heureux !
#18 Le 16/06/2016, à 07:53
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
Les sujets de philo des bacs 2016 ça ne change pas décidément pas.
À mon avis, c'est de la philosophie purement scolaire, réduite à de l'analyse critique, de la discussion sur le sens des mots, des concepts et des notions abstraites du genre : « Le beau est-ce ceci ou cela ? » et « Qu'est-ce que le juste ? » et « Le désir est-il illimité ? » etc etc des questions qui sont le plus souvent à des années-lumière des véritables préoccupations des candidats qui de toute façon n'ont pas suffisamment de véritable expérience ni de vraie maturité ni tous les outils intellectuels et de vécus pour pouvoir bien y répondre.
Tout un pan de la philosophie ne se résume pas à ces exercices purement théoriques et s'occupe de la recherche de « la vie bonne », de la sagesse. Elle ouvre alors des voies sur des explications possibles du monde, sur des systèmes qui peuvent être utiles dans nos vies quotidiennes et qui ne se résument pas à de la simple branlette mentale ! Et je comprends tout à fait que les bacheliers puissent être le plus souvent effrayés par cette épreuve et même dégoûtés pour leur vie entière à l'idée de « philosopher » et du mot « philosophie ».
Je crois bien que lorsque le christianisme l'a emporté sur la philosophie grecque tout au long du Moyen-Âge, c'est lui qui va justement s'arroger le monopole de la recherche des explications du monde, de la vie bonne et du salut reléguant la philosophie à des tâches subalternes, ce que Kant nommait avec un certain mépris la philosophia generalis, une philosophie se contentant de raisonner sur des notions abstraites, telle qu'elle est réduite à ça et enseignée aujourd'hui en Terminale (en seulement une année en plus!)
Bien dommage, tout ça !
Dernière modification par Compte anonymisé (Le 16/06/2016, à 07:54)
#19 Le 16/06/2016, à 13:09
- sucarno
Re : La p'tite heure du café philo
sucarno a écrit :Pour ma part, je me pose la grande question :
"Pourquoi on naît, puisque on va mourir à la fin ?"
Je reviens sur cette question qui m'a travaillé pas mal hier soir avant d'aller me coucher (tout en regardant le match d'ouverture de la Coupe d'Europe France-Roumanie). J'ai tourné en rond, j'ai cherché des réponses perso sans succès alors ce matin je suis allé chercher quelques propositions de réponses chez nos vieux amis Grecs.
Je crois bien que ta question soulève au fond la question du sens (= que faisons-nous là au juste ? dans quel but?) mais aussi et surtout : celle d'une forme d'angoisse face à la mort. C'est sur ce dernier aspect que j'ai plutôt envie de rebondir ce matin.
D'Homère à Platon et en allant jusque chez les stoïciens, et en restant que dans le domaine d'une sagesse purement laïque, voici quelques pistes possibles :
- le sage est celui qui accepte la condition de mortel en étant capable d'affronter toutes les peurs (sociales, économiques, psychiques etc...) et de les surmonter : comment ? Vaste programme ! Par la contemplation, par la méditation peut-être, par un long travail sur soi-même aussi. C'est Confucius, je crois qui serait l'auteur de cette jolie formule : « Le plus grand voyageur est celui qui a su faire une fois le tour de lui-même. »
- le sage est celui qui arrive à vivre pleinement au présent en s'arrachant à la pensée du passé et du futur qui nous empêchent sans cesse de mieux vivre au présent : c'est le fameux amor fati, c'est à dire l'amour de ce qui est là, devant nous tout simplement sans ressasser le passé (avec les sentiments du regret, de la nostalgie, ou des souvenirs de souffrance...) ni se tourner sans cesse vers l'avenir avec l'espoir que ça ira mieux demain quand on aura, par exemple, changé de voiture, ou de femme, ou de maison, ou qu'on aura fait un nouveau voyage ou trouvé un nouveau Dieu etc etc... Mais comme tout cela est très difficile, voire même quasiment impossible, disons plutôt que le sage est celui qui arrivera à regretter un peu moins et à espérer un peu moins ! arriver à ça sera déjà pas mal !
- le sage est celui qui devient alors un "fragment d'éternité" en n'ayant eu de cesse que de chercher à s'élever par la pensée. Dans la pensée stoïcienne, lorsque le sage parvient à s'ajuster à l'ordre du monde et à vivre en harmonie avec lui-même alors il devient un "fragment d'éternité" puisque, dans cette pensée -comme dans une large part de la pensée grecque antique d'ailleurs- le Cosmos est éternel. Les stoïciens n'arrêtent pas de le répéter dans leurs œuvres : la mort n'est pas effrayante, ce n'est qu'un passage de l'état de vivant à l'état de matière inanimée mais ce n'est pas une perte ni un néant, mais seulement une transition. Lorsqu'on est un fragment d'éternité on est soi-même éternel, on est un atome du Cosmos.
Voici ce que nous dit à ce sujet un beau texte d'Epictète qui dialogue avec un disciple :
« Les feuilles tombent, la figue sèche remplace la figue fraîche, le raisin la grappe mûre, voilà selon toi des paroles de mauvaise augure ? En fait, il n'y a là que la transformation d'états antérieurs en d'autres états. Il n'y a pas de destruction mais un aménagement et une disposition bien réglés. L'émigration n'est qu'un petit changement, -chez les Grecs l'émigration est une punition redoutable, elle signifie une forme de bannissement de la Cité qui est une des formes du Cosmos- , la mort en est un plus grand. C'est ce que nous sommes actuellement qui va mourir mais pas la totalité de ce que nous sommes.
- Alors je ne serai plus ? demande le disciple
- Tu ne seras pas ce que tu es, mais tu seras autre chose dont le monde aura tout autant besoin. »Moi j'aime bien cette perspective. Et toi ?
Bien sûr rien n'empêche de critiquer cette philosophie stoïcienne ni d'aller chercher ses limites et de se dire que ce n'est pas elle qui te libérera totalement de ton souci (ni totalement du mien d'ailleurs non plus ) ! Et que ta question demeure toujours présente et sans véritable réponse satisfaisante. M'enfin, faut quand même bien chercher des pistes...
Salut,
Oui, j'aime la perspective, mais elle date d'une époque où les grecs pas très pollués par d'innombrables agents extérieurs (médias, voisins, camarades, forums ...).
A notre époque, la vie est devenu plein de choses compliqués qui voulaient nous simplifier la vie.
Selon cette source : "C’est certainement l’interrogation éthique et métaphysique la plus fondamentale : quel est le sens de la vie ? Quelle est la finalité de l’existence ? Difficile de se dérober à cette question vertigineuse. Les réponses possibles sont légion : le sens de la vie, c’est se connaître soi-même, trouver le bonheur, aimer (Dieu, son prochain), faire des enfants, posséder une Rolex avant d’atteindre 50 ans… Comment s’y retrouver ? Peut-être en reformulant le problème : et si donner du sens à sa vie consistait avant tout à lui imprimer une direction clairement établie et fermement maintenue dans la durée ? Ici intervient Descartes. Le père du cogito a défini des règles pratiques pour guider sa propre existence. Sur un ton personnel, Denis Moreau, qui a récemment publié Dans le milieu d’une forêt. Essai sur Descartes et le sens de la vie (Bayard), nous explique comment il s’est lui-même approprié l’une d’entre elles : suivre avec opiniâtreté un même chemin, un même choix de vie… Cet appel à la résolution est central dans la morale de Descartes, qui est exposée dans la troisième partie du fameux Discours de la méthode. Celle-ci est présentée par un autre éminent spécialiste de la pensée cartésienne, Nicolas Grimaldi."
Par contre, celle là, plus positive :
/1/ "chacun-e de nous est appelé-e à construire pas à pas le sens de sa vie. Ce sens est unique, et nul ne peut l’imposer à quiconque."
/2/"Trouver du sens dans nos convictions et valeurs
Les philosophes de l’Antiquité étaient des maîtres de sagesse pratique bien plus que des théoriciens conceptuels, et leur enseignement visait à aider leurs congénères à s’élever à un niveau de vertu supérieur. Cette tradition s’est ensuite perdue et la philosophie s’est progressivement réduite à un ensemble de réflexions théoriques. Aux 19e et 20e siècles, les courants personnaliste et existentialiste ont réagi face à cette limitation. Pour leurs partisans, l’enjeu de la philosophie consiste plus à répondre à la question Comment vivre ? qu’à élaborer des réflexions théoriques. Pour de nombreuses personnes, c’est la dimension spirituelle qui répond à leur quête de sens. Ainsi Léon Tolstoï nous a livré un témoignage impressionnant d’une conversion individuelle comme réponse à une quête de sens à l’existence . A l’âge de cinquante ans, parvenu au faite de la gloire, il traverse une douloureuse période de désespoir qui le mène au bord du suicide. Après une quête infructueuse dans les sciences et la philosophie, il se tourne « vers ces immenses masses d’hommes simples, ni savants ni riches » dont la foi simple le bouleverse profondément et l’amène à cette certitude : « Je compris que la foi n’était pas seulement le dévoilement des choses invisibles, ni une révélation (...), ni la relation de l’homme à Dieu (...), mais que la foi était une connaissance du sens de la vie humaine, grâce à laquelle l’homme vivait plutôt que de se tuer. La foi était la force de la vie. Tant que l’homme vit, il doit croire à quelque chose. S’il ne croyait pas qu’il faut vivre pour quelque chose, il ne vivrait pas. »"
Je t'invite à bien lire le point /2/, et amha, il y'aurait une possible explication de tous les derniers attentats !
« Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ». Étienne de La Boétie
Hors ligne
#20 Le 16/06/2016, à 14:28
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
Salut,
Oui, j'aime la perspective, mais elle date d'une époque où les grecs pas très pollués par d'innombrables agents extérieurs (médias, voisins, camarades, forums …)
Je ne suis pas si sûr de ça, tu vois. Les forums existaient aussi à l'époque grecque ! J'imagine alors les mêmes maux : la médisance, la bassesse, les ragots de villages, les propos blessants, la pression des autres etc etc devaient être tout autant leur lot quotidien. Bien sûr pas à la même vitesse qu'aujourd'hui ni sur les mêmes étendues géographiques mais quand même... je pense que les conséquences devaient être peu ou prou identiques.
A notre époque, la vie est devenu plein de choses compliqués qui voulaient nous simplifier la vie.
Là je serais plutôt d'accord. Par exemple, les technologies nous font gagner beaucoup de temps mais elle nous en font aussi beaucoup perdre dès lors que quelque chose ne tourne pas rond ou "qu'il faut passer à une nouvelle version de ceci ou de cela" qui ne constitue d'ailleurs pas toujours un réel progrès mais qui perturbe tes habitudes. Ou lorsqu'il qu'il faut aller se farcir plusieurs tutos avant de comprendre de quoi il s'agit pour ne solutionner en fait qu'un tout petit souci. Les heures que j'ai passées au début avec des problèmes sur XP et puis toutes celles nécessaires à mon apprentissage de Linux Ubuntu ! Heureusement qu'il y avait l'aide des potes du forum ! Aujourd'hui je supporte de moins en moins ce genre de perte de temps, "il faut que ça tourne" ! vraiment je mesure très précisément le temps perdu par rapport à la réalité de la tâche à mener : et souvent je me dis : «Zut mais quoi alors ! Tout ça pour ça ?! »
Selon cette source : "C’est certainement l’interrogation éthique et métaphysique la plus fondamentale : quel est le sens de la vie ? Quelle est la finalité de l’existence ? Difficile de se dérober à cette question vertigineuse. Les réponses possibles sont légion : le sens de la vie, c’est se connaître soi-même, trouver le bonheur, aimer (Dieu, son prochain), faire des enfants, posséder une Rolex avant d’atteindre 50 ans… Comment s’y retrouver ? Peut-être en reformulant le problème : et si donner du sens à sa vie consistait avant tout à lui imprimer une direction clairement établie et fermement maintenue dans la durée ? Ici intervient Descartes. Le père du cogito a défini des règles pratiques pour guider sa propre existence.."
Je ne sais pas si j'interprète bien la pensée de Descartes mais ce que je relève d'intéressant dans cette proposition c'est faire la différence entre : rechercher le sens de la vie et : rechercher un sens dans la vie (ce qui n'est pas du tout pareil et qui peut suffire à assurer une forme de bonheur -disons plutôt : de bien-être- non négligeable dans nos vie de tous les jours).
Les philosophes de l’Antiquité étaient des maîtres de sagesse pratique bien plus que des théoriciens conceptuels, et leur enseignement visait à aider leurs congénères à s’élever à un niveau de vertu supérieur. Cette tradition s’est ensuite perdue et la philosophie s’est progressivement réduite à un ensemble de réflexions théoriques.
Tout à fait d'accord avec ça. Voilà d'ailleurs ce qui rejoint ce que j'exprimais ce matin à propos de ce qu'est malheureusement devenue la philo dans les classes de Terminales et à ce que je rappelais à l'instant : à savoir trouver au moins un sens dans la vie à défaut de trouver le sens de la vie.
Aux 19e et 20e siècles, les courants personnaliste et existentialiste ont réagi face à cette limitation. Pour leurs partisans, l’enjeu de la philosophie consiste plus à répondre à la question Comment vivre ? qu’à élaborer des réflexions théoriques. Pour de nombreuses personnes, c’est la dimension spirituelle qui répond à leur quête de sens. Ainsi Léon Tolstoï nous a livré un témoignage impressionnant d’une conversion individuelle comme réponse à une quête de sens à l’existence . A l’âge de cinquante ans, parvenu au faite de la gloire, il traverse une douloureuse période de désespoir qui le mène au bord du suicide. Après une quête infructueuse dans les sciences et la philosophie, il se tourne « vers ces immenses masses d’hommes simples, ni savants ni riches » dont la foi simple le bouleverse profondément et l’amène à cette certitude : « Je compris que la foi n’était pas seulement le dévoilement des choses invisibles, ni une révélation (...), ni la relation de l’homme à Dieu (...), mais que la foi était une connaissance du sens de la vie humaine, grâce à laquelle l’homme vivait plutôt que de se tuer. La foi était la force de la vie. Tant que l’homme vit, il doit croire à quelque chose. S’il ne croyait pas qu’il faut vivre pour quelque chose, il ne vivrait pas. »"
Je t'invite à bien lire le point /2/, et amha, il y'aurait une possible explication de tous les derniers attentats !
Je l'ai bien lu mais je ne vois pas le rapport avec les derniers attentats : dans l'expérience de Tolstoï que tu cites il y a justement cette recherche du sens dans la vie sans transcendance religieuse particulière.
Par contre ceux qui tuent et se font sauter « au nom d'Allah » le font bien en fonction d'une croyance religieuse qu'ils placent au-dessus de tout. La vie ne compte pas pour eux puisqu'ils sont prêts à la sacrifier (la leur et celles des autres d'ailleurs ) pour un intérêt qu'ils estiment supérieur et parfait. Donc rien de comparable avec le fait de chercher un sens dans la vie, bien au contraire. Ces gens-là méprisent tout à fait la vie. En fait ils ne vivent que par rapport à ce qu'ils projettent dans l'ailleurs de leurs croyances. Comme beaucoup de croyants des autres grandes religions d'ailleurs...
Dernière modification par Compte anonymisé (Le 16/06/2016, à 14:28)
#21 Le 16/06/2016, à 16:00
- side
Re : La p'tite heure du café philo
A notre époque, la vie est devenu plein de choses compliqués qui voulaient nous simplifier la vie.
« Je ne suis pas une adversaire de l’Europe, je me sens européenne. Je voudrais qu’il y ait des accords entre les nations librement consentis, c’est cette Europe-là que je veux voir émerger et je souhaite que la France soit à l’origine de ce beau projet, de cette belle initiative » - Marine Le Pen - 25 Avril 2017 - TF1
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#22 Le 16/06/2016, à 18:45
- sucarno
Re : La p'tite heure du café philo
...
Par contre ceux qui tuent et se font sauter « au nom d'Allah » le font bien en fonction d'une croyance religieuse qu'ils placent au-dessus de tout. La vie ne compte pas pour eux puisqu'ils sont prêts à la sacrifier (la leur et celles des autres d'ailleurs ) pour un intérêt qu'ils estiment supérieur et parfait. Donc rien de comparable avec le fait de chercher un sens dans la vie, bien au contraire. Ces gens-là méprisent tout à fait la vie. En fait ils ne vivent que par rapport à ce qu'ils projettent dans l'ailleurs de leurs croyances. Comme beaucoup de croyants des autres grandes religions d'ailleurs...
Salut,
Ce que je voulait dire : que c'est ce que manque à ces terroristes, c'est une psychologie-positive. Ces personnes ont perdu tout sens à la vie. Ils ont perdu tout ce qui peut les motiver pour rester en vie.
Tout en signalant qu'il y en a encore 4000 types fichés S, selon Cazneuve lors des infos FR2.
« Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ». Étienne de La Boétie
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#23 Le 16/06/2016, à 19:00
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
jackpot a écrit :...
Par contre ceux qui tuent et se font sauter « au nom d'Allah » le font bien en fonction d'une croyance religieuse qu'ils placent au-dessus de tout. La vie ne compte pas pour eux puisqu'ils sont prêts à la sacrifier (la leur et celles des autres d'ailleurs ) pour un intérêt qu'ils estiment supérieur et parfait. Donc rien de comparable avec le fait de chercher un sens dans la vie, bien au contraire. Ces gens-là méprisent tout à fait la vie. En fait ils ne vivent que par rapport à ce qu'ils projettent dans l'ailleurs de leurs croyances. Comme beaucoup de croyants des autres grandes religions d'ailleurs...
Salut,
Ce que je voulait dire : que c'est ce que manque à ces terroristes, c'est une psychologie-positive. Ces personnes ont perdu tout sens à la vie. Ils ont perdu tout ce qui peut les motiver pour rester en vie.
.
Pas du tout. Pour eux, leur démarche est tout à fait positive dans le sens où, alors que la plupart d'entre nous misons sur la vie, eux misent tout simplement sur le but qu'il y a à en sortir pour rejoindre leur "paradis" et l'éternité magnifique auprès de leur dieu. A noter d'ailleurs - d'après de nombreux témoignages de rescapés- l'étrange calme et l'étrange sérénité qui semblent animer les kamikazes en pleine action au moment-même où ils mitraillent leurs victimes... on parlait de recherche de sens de la vie un peu plus haut . Pour eux c'est tout comme s'ils l'avaient trouvé, à savoir : accomplir une "mission" sur Terre pour bénéficier ensuite d'une éternité heureuse dans l'au-delà. Heureux sont les convaincus !
Dernière modification par Compte anonymisé (Le 16/06/2016, à 19:14)
#24 Le 16/06/2016, à 19:51
- side
Re : La p'tite heure du café philo
Le terrorisme djihadiste est-il un nihilisme ?
« Je ne suis pas une adversaire de l’Europe, je me sens européenne. Je voudrais qu’il y ait des accords entre les nations librement consentis, c’est cette Europe-là que je veux voir émerger et je souhaite que la France soit à l’origine de ce beau projet, de cette belle initiative » - Marine Le Pen - 25 Avril 2017 - TF1
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#25 Le 16/06/2016, à 20:15
- Compte anonymisé
Re : La p'tite heure du café philo
Le terrorisme djihadiste est-il un nihilisme ?
Bon sujet de philo pour le bac !